THIBAUT GARCIA : LA GUITARE AU FIL DU TEMPS
Apremière vue, tout dans le parcours de Thibaut Garcia semble couler de source. Qu’il s’attaque, dans son dernier CD *, au fameux Concerto d’Aranjuez, ou qu’il raconte son irrésistible attirance pour la guitare. Mais au fil de la discussion dans la loge du Théâtre des Champs-Élysées, on comprend vite que les choses ont été plus compliquées. Certes, le choix de la guitare paraissait dès l’enfance une évidence, même si, comme pour tout instrument, son étude est ardue. « En travaillant, je m’en voulais souvent car je trouvais que ce que je faisais n’était jamais assez bien. » Aveu d’un acharné qui jette un regard froid sur lui-même. Aujourd’hui, cet insatisfait s’avoue « sceptique, optimiste ». Au cours des années, le travail a porté ses fruits : une technique irréprochable qui lui offre une grande liberté. « Jouer d’un instrument, c’est un combat mental », dit-il, reconnaissant qu’il faut, comme les grands sportifs,
« y penser sans cesse ». Alors, quand il ne répète pas avec son instrument, où qu’il soit, dans le train, dans un hôtel, il s’assied et imagine qu’il joue en projetant mentalement les difficultés de la partition. « Pas de distanciation entre la vie et le travail. » Ce qui lui permet d’arriver en scène sûr de lui. « Il faut savoir être fier quand on entre en scène »,
reconnaît-il avec ce bémol, « mais pas trop sinon on devient con. »
Sur cet album, outre le fameux et universel Concerto d’Aranjuez de Rodrigo, écrit en 1939, Thibaut Garcia a voulu retracer l’histoire de la guitare, qu’il illustre avec les petites pièces de Robert de Visée, le guitariste de Louis XIV. Confinement oblige, tous ses concerts sont suspendus. Garcia veut mettre à profit cette période pour préparer l’après et surtout Toulouse guitare, qu’il organise dans sa ville natale : un événement musical avec un concert tous les deux mois, interprété par des guitaristes différents. Et rend à cet instrument ses lettres de noblesse.
* Erato.