LES RENDEZ-VOUS de J-R Van der Plaetsen
L’ancien juge antiterroriste n’a pas oublié les dossiers sur lesquels il fit ses premières armes. Il publie un ouvrage inclassable qui est un parfait manuel de la lutte contre le djihadisme.
Dans notre mémoire collective, quelques noms et visages incarnent la lutte de la justice française contre le terrorisme. Parmi ceux-ci, les juges Jean-Louis Bruguière, Alain Marsaud, Gilbert Thiel et Marc Trévidic. On se souvient que ce dernier, qui enquêta sur plusieurs affaires complexes, dont les attentats de la rue des Rosiers, de la rue Copernic et de Karachi, fut soudain déchargé de tous ces dossiers, parmi lesquels se trouvait aussi l’assassinat des moines de Tibhirine, dont ni les commanditaires ni les exécutants n’ont jamais été retrouvés. Cela se passait en 2015, en application d’une loi de 2001 interdisant à un juge d’instruction exerçant dans une fonction spécialisée de rester plus de dix ans à son poste. Marc Trévidic fut nommé au tribunal de grande instance de Lille. L’opinion en éprouva un sentiment d’immense gâchis – la longue expérience dans la lutte contre le terrorisme islamiste étant rare et donc précieuse.
LE ROMAN DU TERRORISME, de Marc Trévidic, Flammarion, 255 p., 21 €. Aujourd’hui président de chambre à la cour d’appel de Versailles, Trévidic reste très marqué par son expérience de juge antiterroriste. La preuve par son nouveau livre qui décortique l’idéologie des djihadistes. L’auteur y expose, avec un style d’écrivain, une vision très personnelle du terrorisme, dont il situe la naissance au XIe siècle, sous l’égide de l’ismaélien Hasan ibn al-Sabbah, fondateur de la secte des Assassins, qui se retira dans la forteresse d’Alamut. Pour imposer sa vision du monde, il théorisa sept préceptes (il faut une cause, un ennemi, une organisation, des héros, etc.), qui sont autant de piliers sur lesquels, selon Trévidic, se fonde aujourd’hui le terrorisme islamiste. « Dans l’esprit d’un djihadiste, il n’y a pas de limites car celui-ci est persuadé de détenir la vérité », dit le magistrat, qui ajoute : « Il faut “droner” les terroristes qui se trouvent en zone de guerre et juger ceux qui agissent sur notre sol. » Quel dommage que cet homme s’occupe aujourd’hui de droit civil…
“Connaître parfaitement l’homme permet de le terroriser à la perfection”