FACE À FACE
À peine découverts, les premiers vaccins contre le virus sèment la zizanie entre ceux qui voudraient les imposer à tous et les partisans de la prudence… ou de la liberté de choisir.
Les vaccins contre la Covid-19 ne sont pas encore sortis des laboratoires que, déjà, la polémique enfle : devront-ils être obligatoirement administrés à tous, au nom du civisme sanitaire ? Curieusement, l’un des premiers à avoir évoqué le principe d’une vaccination obligatoire est l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot (EELV). L’idée a fait timidement son chemin. Le président du Sénat Gérard Larcher s’est déclaré pour (lire ci-contre). L’éditorialiste de BFM Christophe Barbier, ancien directeur de la rédaction de L’Express, propose de son côté d’instaurer une règle simple : « Si vous n’êtes pas vacciné, vous ne pouvez plus aller au restaurant, au théâtre ; vous ne pouvez plus prendre l’avion… Vous êtes de vous-même retiré de la vie collective, autoconfiné. Il faudra avoir son certificat de vaccination, comme un laissez-passer, pour être dans la société. » Voilà de quoi hérisser le poil de près de la moitié des Français qui, spontanément, disent ne pas vouloir se faire vacciner ! Les uns estiment que le risque encouru par la vaccination est supérieur au bénéfice à en espérer, les autres dénoncent une entrave à leur liberté individuelle, voire un « complot » qui profiterait aux seuls intérêts des firmes pharmaceutiques mondiales. Quant au monde médical, il se montre circonspect, estimant qu’avant d’imposer un vaccin à l’ensemble de la population, il faut laisser à celui-ci le temps de faire ses preuves. En France, huit vaccins de la petite enfance ont été rendus obligatoires en 2018 (Haemophilus influenzae B, coqueluche, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, méningocoque C, pneumocoque) en plus des trois qui l’étaient déjà (diphtérie, tétanos, poliomyélite). Mais comme le rappelle le virologue Christian Bréchot, « ce sont des vaccins que l’on connaît depuis des années et des années ».