JOSH O’CONNOR
Un prince Charles plus vrai que nature
Si la princesse Diana et Margaret Thatcher font leur entrée dans l’extraordinaire série de Netflix « The Crown », l’héritier au trône reste, grâce à l’interprétation sensible
d’un acteur d’exception, la figure la plus attachante de la quatrième saison.
Il y a d’abord cette tête, constamment penchée, qui trahit le malaise, la frustration, mais aussi, peut-être, une façon de voir les choses de côté. Puis ces mains, tâtant nerveusement un bouton de manchette avant de disparaître dans la poche d’une veste de smoking ou de chasse. Et enfin les oreilles, qu’un coiffeur visagiste a su mettre en valeur au point de faire sursauter leur propriétaire. « La première fois que je me suis vu dans l’habit du prince Charles, j’ai été choqué de découvrir à quel point j’avais les oreilles décollées ! » assure Josh O’Connor. Mais en adoptant l’allure princière, en empruntant quelques tics et en s’immisçant dans la tête et le coeur de l’héritier du trône d’Angleterre, cet acteur britannique de 30 ans en a fait – qui l’eût cru ? – l’un des héros les plus charismatiques de The Crown, dont Netflix vient de dévoiler les 10 épisodes de la quatrième saison.
À ce stade de la série, qui retrace avec force détails (et un budget colossal de 13 millions de dollars par épisode) le destin d’Élisabeth II (de 1947 à nos jours, donc), Charles a été sacré prince de Galles et écarté de son grand amour, Camilla Shand. Avec l’apparition d’une certaine Diana Spencer (adorable Emma Corrin), le neveu préféré de lord Mountbatten fait l’objet de toutes les attentions. De quoi offrir à celui qui l’incarne l’opportunité de montrer l’étendue de son talent éblouissant. « Nous connaissons presque chaque battement de l’histoire de Charles et Diana, car une grande partie de celle-ci s’est jouée dans les médias. Mais je devais me débarrasser de ce que je savais pour jouer le plus sincèrement possible une romance qui devient conflictuelle […] Charles vit mal le fait de se faire voler la vedette par sa jeune épouse, qui devient aux yeux de tous la “princesse du peuple”. » Pendant ce temps, à Downing Street, Margaret Thatcher fait une autre entrée remarquée. Comme la Princesse des coeurs, la Dame de fer brisera son destin à l’épreuve de la cour. En attendant, elle offre un vrai rôle de composition à l’agent Scully de X-Files, Gillian Anderson, nouvelle recrue d’un casting qui confirme à lui tout seul la haute réputation des acteurs anglosaxons. Pour Josh O’Connor, c’était entrer dans la cour des grands. « Quand vous recevez chaque matin la feuille de service et que vous voyez qu’une scène vous attend avec Olivia Colman (reine Élisabeth II), Helena Bonham Carter (princesse Margaret) ou Tobias Menzies (prince Philip), c’est merveilleux. Sur le plateau, face à eux, je me disais “Ah tiens, Helena fait comme ci ? Tobias fait comme ça ? C’est excellent, je vais tout leur piquer !” » avoue-t-il dans un éclat de rire.
Le jeune acteur aurait eu tort de s’en priver. D’autant qu’à l’issue du tournage, il a dû laisser son costume à Dominic West, qui incarnera le prince Charles dans la prochaine et dernière saison de The Crown. Et après cette folle expérience, il se tourne vers l’avenir. « Je vis avec Charles depuis deux ans maintenant et je pense qu’à force de l’incarner, cela a atteint mes os ! Le plus dur désormais sera d’en sortir pour aller vers d’autres projets. » Artiste accompli, il pourra se consacrer à la photographie, autre passion dans laquelle il excelle, mais aussi à cette nouvelle adaptation de Roméo et Juliette qu’il doit jouer sur les planches du Théâtre national de Londres, ou à la promotion de Goodbye, un film de William Nicholson où il interprète le fils d’Annette Bening et de Bill Nighy. Et si la rumeur selon laquelle la reine Élisabeth laisserait son trône à son fils au cours de l’année 2021 se confirme, l’acteur pourra suivre le sacre de celui dont il fut si proche avec sa partenaire royale, Olivia Colman, qu’il retrouvera avec Colin Firth dans Mothering Sunday. Car, en entrant à Buckingham, Josh O’Connor a assurément mis un pied dans la cour des grands.
Une vague (comique) chasse l’autre. Après un printemps confiné devant les rediffusions des grimaces de Louis de Funès, l’automne s’annonce, lui, Splendid. Ciné+ crée jusqu’à fin décembre sur myCANAL une chaîne spécialement dédiée aux oeuvres de la troupe (une soixantaine !), et Ciné + Famiz, Ciné + Premier, Ciné + Émotion et Ciné + Club participent aussi à ce Noël avant Noël. Qui s’en plaindra ? À leurs débuts sur grand écran, Clavier, Jugnot, Blanc, Lhermitte, Chazel et Balasko furent certes moqués, voire méprisés, par les arbitres des élégances cinématographiques considérant qu’ils trahissaient l’idéal café-théâtre (jouer tous les soirs pour des clopinettes dans une salle quasi vide) au profit du succès (« la pire chose qui puisse arriver à des artistes en France », comme le rappelle souvent Gérard Jugnot). Depuis, même les plus populophobes des critiques de cinéma ont fini par manger leur chapeau snobinard. La raison en est simple. Au-delà de leur humour potache ou bon enfant et de leurs répliques cultes qui sont à la fois des marqueurs générationnels et des mots d’auteur (« J’ai loué cet appartement du 15 au 30, si tout le monde dépasse d’une demi-journée, qu’est-ce qu’il se passe ? L’année prochaine, je skie au mois de juillet ! »), les films comme Les Bronzés ou Le père Noël est une ordure disent aussi la solitude sentimentale, dénoncent l’individualisme franchouillard, racontent la pauvreté banalisée, stipendient l’amoralité insouciante, pointent la détresse sociale. Dans leurs carrières respectives comme acteurs, auteurs et/ou cinéastes, les Splendid continueront toujours à aborder, parfois dans des formes plus graves, mais toujours sous l’angle le plus humaniste ou tendre possible, des thèmes de société actuels et brûlants. L’Histoire (qui passionne en particulier Clavier et Jugnot), la France périphérique ou provinciale négligée, la fausse générosité, la morale bien-pensante et bien pratique, l’imposture politique ou médiatique, l’impasse de la nostalgie, l’infernal paradis qu’est la famille, etc. Raisons pour lesquelles il faut revoir tous ces films avec de quoi essuyer ses larmes. Qui ne sont pas seulement de rire, mais toujours provoquées par ce sentiment qui nous fait hommes : l’émotion.