Le Figaro Magazine

ÉTRANGES FASCINATIO­NS

★★★★ Sans répit, de William Seabrook, Rue Fromentin, 355 p. 22 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sophie Troff. Préface de Simon Liberati.

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Quelle vie… Il faudrait dix pages pour la raconter. William Seabrook, né en 1884, a débuté en écrivant les faits divers dans un quotidien d’Atlanta, est devenu vagabond en Europe vers 1908, puis reporter pour le journal le plus important d’Atlanta, s’est engagé dans l’armée pour se faire gazer à Verdun, est rentré au pays pour devenir journalist­e vedette dans le groupe de William Randolph Hearst. Mais Seabrook avait la bougeotte et se sentait

« inadapté » partout. Il est parti vivre avec les Bédouins en Arabie, en a fait un livre à succès, puis s’est installé deux ans en Haïti pour étudier le vaudou. Il fut le premier Occidental à utiliser le mot

« zombie ». Encore un best-seller. À New York, il rencontre Morand qui en a préfacé la version française et qui lui recommande d’aller en Afrique noire découvrir les dernières tribus cannibales. Le Français lui indique l’itinéraire et les lieux où se rendre. Sur zone, Seabrook perd plus de 30 kilos, sympathise avec le chef cannibale mais ne parvient à manger que du singe (il prétendra avoir goûté de la chair humaine lors de son retour à Paris). La presse est scandalisé­e mais le livre se vend très bien. Ensuite, il part écrire la biographie d’un prêtre défroqué devenu gourou pochetron à Tombouctou. Nouveau triomphe. Seabrook, qui fréquentai­t Cocteau, Huxley, Man Ray ou Gertrude Stein, avait sa part d’ombre. Il était adepte du bondage et buvait près de deux bouteilles de cognac par jour. Il s’est fait interner, a raconté l’expérience dans un énième livre, s’est remis à boire, a écrit cette incroyable autobiogra­phie pleine de franchise, avant de se suicider.

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