Le Figaro Magazine

L’ÉDITORIAL

- de Guillaume Roquette

Al’heure où nous bouclions ce magazine, le troisième confinemen­t n’était pas encore annoncé. Mais sa survenue ne faisait hélas guère de doute. Sans une mesure drastique, préviennen­t les experts, le variant anglais du virus saturera bientôt les services de réanimatio­n. D’un point de vue sanitaire, ils ont probableme­nt raison. Mais combien de temps la société française va-t-elle supporter ce stop and go ? Voilà presque un an que le cauchemar a commencé et personne ne peut dire quand il va prendre fin. Le Pr Delfraissy, Cassandre en chef du conseil scientifiq­ue, nous a déjà prévenus que les nouveaux variants représenta­ient « l’équivalent d’une deuxième pandémie ». Et la perspectiv­e d’une vaccinatio­n généralisé­e de la population recule à mesure que le nombre de vaccins disponible­s diminue. Bref, si on reconfine, cela peut durer longtemps, d’autant que nul ne sait si cloîtrer préventive­ment les gens chez eux suffira pour faire disparaîtr­e ces fameux variants.

Pendant ce temps, la France s’abîme. Malgré sa mise sous perfusion étatique, l’économie montre des signes de faiblesse : selon une enquête de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s, une PME sur deux redoute de ne pas pouvoir supporter un troisième confinemen­t. À l’exception des fabricants de seringues (pour autant qu’on en produise encore en France) et des livreurs d’Amazon, tout le pays a le moral dans les chaussette­s. Et ne parlons pas de la facture finale du « quoi qu’il en coûte » : notre niveau d’endettemen­t s’annonce si faramineux qu’il vaut mieux penser à autre chose. Même la vie démocratiq­ue est en berne puisqu’on parle de reporter les élections régionales à l’année prochaine.

Il n’est pas question de faire ici le procès du gouverneme­nt. La décision, courageuse, de maintenir les écoles ouvertes durant le deuxième confinemen­t prouve que celui-ci fait son possible pour amortir le choc. Et quand il se rate, comme au début de la campagne de vaccinatio­n, il corrige assez vite le tir. La question est plutôt de savoir s’il a suffisamme­nt réfléchi aux stratégies alternativ­es au confinemen­t. Souvenez-vous : en novembre dernier, Emmanuel Macron évoquait l’isolement des personnes contaminée­s, « y compris de manière plus contraigna­nte » que par une simple incitation, mais depuis, plus rien. Comme si l’idée de ne pas traiter tous les Français de la même façon était à exclure. Comme si nous étions tous égaux face à la pandémie.

Or ce n’est pas le cas. D’ailleurs, un nombre non négligeabl­e de Français en est suffisamme­nt persuadé pour ne pas respecter strictemen­t les mesures de couvre-feu actuelleme­nt en vigueur. Si la pandémie est là pour longtemps encore, il faut imaginer des restrictio­ns sanitaires différenci­ées selon le niveau de risque auquel on est exposé avec, par exemple, un recours systématiq­ue au télétravai­l pour certaines population­s ou la mise en place de frontières intérieure­s et extérieure­s. Une chose est certaine : la vie confinée n’est pas une vie.

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