À L’AFFICHE
Malgré des comédiens formidables, une série ennuyeuse aux airs de « Psychanalyse pour les nuls ».
La série En thérapie * a de multiples mérites. D’abord celui de mettre en lumière un grand comédien sous-estimé : Frédéric Pierrot. Ensuite de montrer que la télévision est bel et bien le média le plus approprié pour le gros plan (voir aussi il y a quelques années le formidable documentaire Paris, de Raymond Depardon, tourné gare Saint-Lazare). Enfin de rappeler qu’une bonne réalisation, d’excellents acteurs et la reprise d’une remarquable série (israélienne à l’origine, puis américaine) ne sont pas la garantie d’un spectacle passionnant.
On entend déjà la critique de la critique : qui n’a pas fait d’analyse ne peut pas appréhender la dimension sans doute géniale d’En thérapie. Admettons. Lecteurs en psychanalyse, ne lisez donc pas la suite de cette chronique. Les autres, soyez prévenus : vous verrez 35 fois le Dr Philippe Nahan dans son cabinet-salon accueillir cinq archétypes de la société française : des individus névrosés, malades, fatigués, angoissés, énervés, désespérés. À leur décharge, notons que leurs visites chez le psy prennent place au lendemain des attentats du Bataclan et que certains d’entre eux ont été partie prenante dans l’événement. Cette soignante (Mélanie Thierry), par exemple, qui a pris conscience à l’hôpital devant des blessés graves qu’elle était justement amoureuse de son psy
(le fameux « transfert », cher aux freudiens). Ou encore ce policier de la BRI (Reda Kateb) venu pour faire plaisir à un ami gay qui le trouvait au bout du rouleau et qui passe sa première séance à répéter qu’il n’a rien à faire ici (témoignant par là, diraient les lacaniens, de la pertinence de sa présence). On verra aussi une adolescente en crise et un couple… en crise.
Cette Psychanalyse pour les nuls en images est à verser au débat centenaire entre ceux qui jugent indispensable cette discipline et ceux qui n’y voit qu’un déversoir de frustrations et de sentiments tus dont la valeur thérapeutique reste à démontrer. Sans grand risque de faire changer d’avis les uns ou les autres.
Et sans grande chance de marquer l’histoire du petit écran.