Le Figaro Magazine

À L’AFFICHE

Malgré des comédiens formidable­s, une série ennuyeuse aux airs de « Psychanaly­se pour les nuls ».

- Culturelle­ment vôtre, par J.-Ch. Buisson et les passe-temps d’Éric Neuhoff

La série En thérapie * a de multiples mérites. D’abord celui de mettre en lumière un grand comédien sous-estimé : Frédéric Pierrot. Ensuite de montrer que la télévision est bel et bien le média le plus approprié pour le gros plan (voir aussi il y a quelques années le formidable documentai­re Paris, de Raymond Depardon, tourné gare Saint-Lazare). Enfin de rappeler qu’une bonne réalisatio­n, d’excellents acteurs et la reprise d’une remarquabl­e série (israélienn­e à l’origine, puis américaine) ne sont pas la garantie d’un spectacle passionnan­t.

On entend déjà la critique de la critique : qui n’a pas fait d’analyse ne peut pas appréhende­r la dimension sans doute géniale d’En thérapie. Admettons. Lecteurs en psychanaly­se, ne lisez donc pas la suite de cette chronique. Les autres, soyez prévenus : vous verrez 35 fois le Dr Philippe Nahan dans son cabinet-salon accueillir cinq archétypes de la société française : des individus névrosés, malades, fatigués, angoissés, énervés, désespérés. À leur décharge, notons que leurs visites chez le psy prennent place au lendemain des attentats du Bataclan et que certains d’entre eux ont été partie prenante dans l’événement. Cette soignante (Mélanie Thierry), par exemple, qui a pris conscience à l’hôpital devant des blessés graves qu’elle était justement amoureuse de son psy

(le fameux « transfert », cher aux freudiens). Ou encore ce policier de la BRI (Reda Kateb) venu pour faire plaisir à un ami gay qui le trouvait au bout du rouleau et qui passe sa première séance à répéter qu’il n’a rien à faire ici (témoignant par là, diraient les lacaniens, de la pertinence de sa présence). On verra aussi une adolescent­e en crise et un couple… en crise.

Cette Psychanaly­se pour les nuls en images est à verser au débat centenaire entre ceux qui jugent indispensa­ble cette discipline et ceux qui n’y voit qu’un déversoir de frustratio­ns et de sentiments tus dont la valeur thérapeuti­que reste à démontrer. Sans grand risque de faire changer d’avis les uns ou les autres.

Et sans grande chance de marquer l’histoire du petit écran.

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* Les jeudis du 4 février au 25 mars, Arte, 20 h 55.
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