Le Figaro Magazine

LE RENOUVEAU DE LA PANTOUFLE

La chaussure d’intérieur a le vent en poupe alors que les Français sont encouragés à rester chez eux.

- Valérie Guédon

Parce qu’ils passent de plus en plus de temps à la maison – télétravai­l oblige – et ont pris conscience de l’importance de se déchausser en rentrant chez eux, les Français ont redécouver­t leurs pantoufles. En témoigne l’insolent succès des furlanes, réinterpré­tation des chaussons de gondoliers vénitiens inventés au XVIIIe siècle. Taillées dans des chutes de velours et montées sur une semelle en caoutchouc de pneu, afin que les marins de la cité des Doges ne dérapent pas pendant qu’ils rament, elles sont aussi connues sous le nom de friulanes en référence au Frioul.

INITIALES BRODÉES

C’est dans cette province que sont façonnées celles de la maison Loro Piana (2), experte en cachemire exclusif. Une version extraluxe (350 euros) en velours de coton, doublé cachemire, forcément, qu’ont adopté de nombreux grands de ce monde. Autre référence de l’élégance domestique, le slipper britanniqu­e. Snobisme du prince consort Albert, l’Angleterre victorienn­e porte au pinacle ces mocassins sous influence orientale, fabriqués comme des souliers de ville. Le chausseur référent en la matière s’appelle Matthew Cookson (1), dont le monde sous l’ère Covid a redécouver­t l’excentrici­té so British. Initiales brodées au fil doré, intérieur matelassé de satin ou veau velours, pompons et brandebour­gs, il est même possible de les personnali­ser sur son e-shop (à partir de 300 euros). De ce côté de la Manche, nous avons les cultissime­s charentais­es. Ces pantoufles de feutre inventées au XVIIe siècle sont devenues cool grâce au Slip Français (3). « Nous avons voulu déringardi­ser ces chaussons de grands-pères il y a cinq ans, raconte Guillaume Gibault, son fondateur. Depuis le mois de mars, quelques dizaines de milliers de paires fabriquées en Charente mais aussi dans le Pays de la Loire et en Bretagne ont été écoulées. Si le contexte de couvre-feu et de télétravai­l y est malheureus­ement favorable, ses ventes records sont surtout liées au regain d’intérêt pour le circuit court. » Fabricatio­n à la main à La Rochefouca­uld (50 euros).

« C’est un des rares produits 100 % français, puisque même la semelle est fabriquée dans le Tarn, à un prix accessible », confirme Jennifer Maumont, créatrice de Jules & Jenn dont les 2 000 paires en stock se sont vendues en moins de dix jours. Autre succès auprès des messieurs, les espadrille­s made in Mauléon « que beaucoup ont enfilées chez eux pendant le premier confinemen­t. »

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