LA CHRONIQUE
Le gouvernement souhaite instaurer plus de « diversité » à l’université. Ira-t-il jusqu’à imposer la discrimination positive ?
Pour les futurs étudiants, la période des voeux se poursuit jusqu’au jeudi 11 mars. C’est le mois le plus difficile. Parce que, depuis trois ans, c’est celui du « Parcoursup » : avant d’entrer dans la période terminale des inscriptions, quelque 800 000 jeunes gens doivent choisir leur orientation en sortie de bac.
Cette année, cela se complique, non pas par le nombre de filières ou de formations, mais par le climat psychologique et sanitaire. Pour y répondre, le président de la République, qui était à Saclay le 21 janvier dernier devant les jeunes scientifiques, annonçait 3 mesures nouvelles : il y aura désormais un « présentiel » en amphi, comme on dit, un jour par semaine, ainsi que 2 repas préparés pour 1 euro, et le « chèque psy » pour ceux des jeunes qui s’estimeraient en difficulté. Mais cela vient s’ajouter à un problème récurrent et majeur qui consiste à se demander comment intégrer l’université à la « politique d’égalité des chances propre aux grandes écoles et classes préparatoires ». Il s’agit là du premier « axe fort » du tout récent rapport « Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur », demandé par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, à Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui avait déjà signé, il y a dix ans, un rapport sur le service civique. Au terme de six mois de travaux, ce nouveau document préconise en effet d’ouvrir le « périmètre trop restreint des grandes écoles » (Polytechnique, les Écoles normales, HEC, Sup de Co, Sciences Po, etc.), pour y inclure les universités – littéraires, sociologiques, historiques, philosophiques, ou scientifiques (les médicales restant à part)… Va-t-on y inscrire aussi de la « discrimination positive » ? Affirmer, comme l’écrit le rapport, qu’il ne s’agit pas de « se contenter de mesures cosmétiques qui permettent de raconter de belles histoires sans changer les statistiques », c’est hélas vrai. Mais peut-on sortir du pays de la gratuité sans sélection ? La réponse n’y figure pas.
Et qui voudra prendre le risque de promouvoir l’égalité par le travail et le mérite pour se heurter ensuite à un tir de barrage – des syndicats étudiants et d’une partie des syndicats de professeurs ? Il est plus simple de parler du montant des aides, des bourses ou des prêts. On devrait plutôt améliorer encore l’apprentissage ou l’emploi étudiant (déjà pratiqué, bien qu’il soit critiqué pour toutes sortes de motifs). On attend de voir ce que la ministre aura retenu et si elle veut vraiment concilier ouverture et méritocratie. Autrement que dans les mots.