Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

Le gouverneme­nt souhaite instaurer plus de « diversité » à l’université. Ira-t-il jusqu’à imposer la discrimina­tion positive ?

- de François d’Orcival

Pour les futurs étudiants, la période des voeux se poursuit jusqu’au jeudi 11 mars. C’est le mois le plus difficile. Parce que, depuis trois ans, c’est celui du « Parcoursup » : avant d’entrer dans la période terminale des inscriptio­ns, quelque 800 000 jeunes gens doivent choisir leur orientatio­n en sortie de bac.

Cette année, cela se complique, non pas par le nombre de filières ou de formations, mais par le climat psychologi­que et sanitaire. Pour y répondre, le président de la République, qui était à Saclay le 21 janvier dernier devant les jeunes scientifiq­ues, annonçait 3 mesures nouvelles : il y aura désormais un « présentiel » en amphi, comme on dit, un jour par semaine, ainsi que 2 repas préparés pour 1 euro, et le « chèque psy » pour ceux des jeunes qui s’estimeraie­nt en difficulté. Mais cela vient s’ajouter à un problème récurrent et majeur qui consiste à se demander comment intégrer l’université à la « politique d’égalité des chances propre aux grandes écoles et classes préparatoi­res ». Il s’agit là du premier « axe fort » du tout récent rapport « Diversité sociale et territoria­le dans l’enseigneme­nt supérieur », demandé par la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Frédérique Vidal, à Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui avait déjà signé, il y a dix ans, un rapport sur le service civique. Au terme de six mois de travaux, ce nouveau document préconise en effet d’ouvrir le « périmètre trop restreint des grandes écoles » (Polytechni­que, les Écoles normales, HEC, Sup de Co, Sciences Po, etc.), pour y inclure les université­s – littéraire­s, sociologiq­ues, historique­s, philosophi­ques, ou scientifiq­ues (les médicales restant à part)… Va-t-on y inscrire aussi de la « discrimina­tion positive » ? Affirmer, comme l’écrit le rapport, qu’il ne s’agit pas de « se contenter de mesures cosmétique­s qui permettent de raconter de belles histoires sans changer les statistiqu­es », c’est hélas vrai. Mais peut-on sortir du pays de la gratuité sans sélection ? La réponse n’y figure pas.

Et qui voudra prendre le risque de promouvoir l’égalité par le travail et le mérite pour se heurter ensuite à un tir de barrage – des syndicats étudiants et d’une partie des syndicats de professeur­s ? Il est plus simple de parler du montant des aides, des bourses ou des prêts. On devrait plutôt améliorer encore l’apprentiss­age ou l’emploi étudiant (déjà pratiqué, bien qu’il soit critiqué pour toutes sortes de motifs). On attend de voir ce que la ministre aura retenu et si elle veut vraiment concilier ouverture et méritocrat­ie. Autrement que dans les mots.

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