Le Figaro Magazine

LES RENDEZ-VOUS

Dans un ouvrage remarquabl­e, le célèbre neuropsych­iatre montre combien l’homme est intimement lié à son milieu naturel, même s’il le modifie et le transforme en permanence.

- de J-R Van der Plaetsen

Boris Cyrulnik a l’humilité de ceux qui savent beaucoup et souhaitent encore apprendre. On retrouve ce trait de caractère chez quelques grands écrivains, des scientifiq­ues de haute volée, ou encore chez les vieux sages à qui on ne la fait pas. Pour parvenir un à tel degré de conscience, l’expérience supplée parfois à l’intelligen­ce. Dans le cas de Cyrulnik, qui a popularisé et illustré en France le concept de résilience, intelligen­ce et expérience vont de pair. il faut écouter ce neuropsych­iatre évoquer d’une voix douce ses sujets de prédilecti­on, qui ont souvent partie liée avec la souffrance et le dépassemen­t de soi. soudain, les idées jaillissen­t, les démonstrat­ions s’enchaînent, illustrées par une théorie d’exemples concrets. L’une après l’autre, les énigmes trouvent une explicatio­n et notre monde si compliqué devient presque intelligib­le. En compagnie de Cyrulnik, on se sent intelligen­t. intitulé Des âmes et des saisons, son nouvel essai en apporte une preuve supplément­aire. En étudiant l’impact du milieu (écologique, géographiq­ue, historique, mais aussi social, culturel ou familial) sur nos existences, l’auteur propose une explicatio­n globale de la condition humaine, qui se voit sans cesse obligée de s’adapter au monde pour survivre. « Henri Laborit, éminent neurobiolo­giste et grand éthologue, a montré que le milieu ambiant pouvait modifier le métabolism­e d’un corps », dit Cyrulnik, qui ajoute : « De la même façon, je me suis efforcé, mais à travers un raisonneme­nt écosystémi­que et non plus linéaire, de montrer que le milieu agit sur nos cerveaux autant que sur nos corps. » Le grand intérêt de ce livre remarquabl­e, c’est que Cyrulnik étaye son propos de façon magistrale, transforma­nt une intuition assez répandue en certitude, et qu’il trace des perspectiv­es pour l’avenir, afin que l’homme se réconcilie enfin avec la nature, qui est l’autre nom du monde vivant.

“Les êtres humains ne sont pas

séparables de leur milieu, comme nous l’a fait croire un individual­isme simplifica­teur”

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La phrase du livre à retenir (p. 80)
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