À L’AFFICHE
Un album détonant signée d’une dessinatrice à suivre, Melody Cisinski.
Dessinatrice de bD dès sa petite enfance, Melody cisinski a fait ses études aux Gobelins, la célèbre école d’animation parisienne, avant d’être embauchée comme story-boardeuse chez Pixar aux États-unis. Mais elle n’a jamais oublié ses premières amours, comme le prouve la sortie de cet album résolument à part, La Révolution des damnés. L’histoire, dans la russie de 1921, d’un cosaque anarchiste embauché par un ami d’enfance devenu un cruel militaire bolchevique pour assassiner une fillette qui est la dernière descendante des tsars. Mais rien ne se passera comme prévu, et le soldat va s’attacher à l’enfant, pour le meilleur et pour le pire. Passionnée d’histoire (elle prépare déjà une autre bD sur la guerre du Péloponnèse pour Dargaud), amoureuse de Dostoïevski et de Kurosawa, cisinski construit un récit où se mélangent les intenses conflits moraux du premier et le dynamisme narratif du second, le tout – et c’est bien là la caractéristique la plus surprenante de cette bD – servi par un graphisme qui évoque à la fois le manga et Walt Disney. Le souffle tragique de l’histoire voisine ici avec un humour cartoonesque, et le romantisme le plus échevelé avec la science-fiction (voir ce personnage de Golem mécanique à tête de faucille), donnant ainsi naissance à un véritable ovni au confluent de plusieurs cultures et influences. chapka, l’artiste ! Arnaud Bordas
La Révolution des damnés, de Melody Cisinski,
Robinson, 176 p., 19,95 €.