LITTÉRATURE
★★★ Une saison douce, de Milena Agus, Liana Levi, 176 p., 16 €. Traduit de l’italien par Marianne Faurobert.
La sardaigne n’est pas seulement cette île splendide aux bords de mer admirables. C’est surtout un arrière-pays aride et inhospitalier où, dans des villages dépeuplés, survivent des autochtones plus très jeunes qui s’ennuient à mourir. C’est dans l’un de ces hameaux que surviennent des migrants conduits jusqu’ici par des humanitaires. Le petit groupe d’« envahisseurs » semblent bien déçus par leur terre promise : la bâtisse qui va les abriter est en ruine et les habitants leur ferment la porte au nez. Mais peu à peu, ces importuns vont transformer le quotidien des femmes du village, aussi intrépides que curieuses, qui les premières vont apprendre à les connaître. Grâce à ces rescapés venus de loin, elles vont regarder la vie autrement et même lui donner un sens. Milena agus est une farouche optimiste, de celles qui voient le verre à moitié plein, mais qui jamais ne sombrent dans la niaiserie. bien au contraire, sa tendre ironie fait des étincelles, quant à ses personnages, elle les chérit : les femmes entre deux âges, les africaines à la peau veloutée, les hargneuses devenues douces et les prétentieux sensibles, tout un petit monde se transforme, sous sa plume enchanteresse, en une délicieuse et bigarrée communauté. Car au lieu d’avoir peur, on se comprend ; au lieu de se jauger, on se parle. et soudain, des paysans sacrifiés et des exilés forcés se ressemblent comme des frères.