Le Figaro Magazine

PATRIMOINE

Depuis 2017, l’administra­tion rémunère les tuyaux de ses informateu­rs, jusqu’à 1 million d’euros. Le dispositif, renforcé un peu plus chaque année, va être évalué.

- Jorge Carasso

Le fisc fait feu de tout bois pour traquer les contrevena­nts. il peut depuis l’année dernière surveiller les réseaux sociaux comme Facebook pour y déceler des anomalies, ou scruter les annonces du Boncoin ou d’eBay à la recherche d’une activité commercial­e occulte. mais il peut aussi, depuis 2017, rémunérer des « aviseurs » susceptibl­es de lui fournir des informatio­ns. La mesure, contestée à son lancement, concernait au départ plutôt les gros poissons : elle était réservée aux faits délictueux dans le cadre d’affaires internatio­nales. mais son champ a été élargi en 2020. Les fraudes à la tVa et les « manquement­s » visés par des « pénalités graves », au-delà de 100 000 euros, sont maintenant concernés. Un décret technique publié en janvier est venu à nouveau mettre un peu d’huile dans les rouages. Un rapport parlementa­ire sur ces sujets doit aussi être remis prochainem­ent, en vue d’évaluer le dispositif. et peut-être de le renforcer ? « Ce dispositif, au départ expériment­al et à l’impact limité, a peu à peu été élargi. Une fois que la pratique sera entrée dans les moeurs, je ne vois pas l’administra­tion s’arrêter là », prédit Virginie Pradel, fondatrice de l’institut de recherche fiscale et économique Vauban. en 2019, un rapport parlementa­ire avait évalué à 90 millions d’euros l’argent récolté de 2017 à mi-2019. Les sommes en jeu sont désormais plus importante­s. Fin 2019, Gérald Darmanin faisait déjà état d’un redresseme­nt de près de 340 millions d’euros. L’informateu­r avait été rémunéré 1 million d’euros, le tarif maximal. La prime étant proportion­nelle au montant du recouvreme­nt. L’encouragem­ent à la délation fiscale a de quoi faire tiquer. Cependant, ce dispositif vient encadrer des pratiques qui existaient déjà de façon opaque. « La rémunérati­on des informateu­rs a toujours existé ; là, il y a un cadre et une protection pour les informateu­rs. Ce qui peut être gênant en revanche, c’est l’encouragem­ent non dissimulé à la dénonciati­on », souligne Virginie Pradel. Certains pays pratiquent la dénonciati­on fiscale depuis bien plus longtemps. C’est le cas des États-Unis où elle est en plein essor. La Securities and exchange Commission (SeC) a reçu plus de 6 900 signalemen­ts durant l’année fiscale 2020 (+ 31 %).

Selon Bercy, la lutte contre la fraude fiscale a permis de collecter 9 milliards d’euros en 2019 (+ 1,3 milliard d’euros par rapport à 2018). Des chiffres élevés que l’administra­tion attribue justement à l’améliorati­on de ses outils d’informatio­n.

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