L.A. CONFIDENTIEL
★★★ Ève à Hollywood, d’Eve Babitz, Seuil, 332 p., 22,50 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jakuta Alikavazovic.
Eve Babitz : une petite légende. Elle est à Los Angeles ce qu’Edie Sedgwick fut à New York. Sauf que Babitz ne s’est pas cramée et n’est pas morte à 28 ans, ravagée par tous les excès possibles. Elle aurait pu, pourtant… Collectionnant les amants, dont certains, comme Jim Morrison, n’étaient pas portés sur la sobriété, dotée d’une beauté sidérante et d’une poitrine digne d’Anita Ekberg (voir la fameuse photo où elle joue nue aux échecs avec Marcel Duchamp), elle a été l’égérie de nombreux admirateurs, alors que, comme
Edie Sedgwick, elle ne faisait rien de particulier, hormis réaliser quelques pochettes de disques pour des groupes à la mode dont les Byrds et le Buffalo Springfield de Neil Young et Stephen Stills. Cette autobiographie parue en 1972 raconte cette période. C’est une ode à Los Angeles. Une ville comparée à Rome, qu’elle adore. Drôle d’idée : L.A. est un agrégat de banlieues moches aux rues linéaires rejointes par des autoroutes perpétuellement bondées. Tout le contraire de la cité italienne. Ève à Hollywood est donc un témoignage sur une époque cruciale : lorsque
Los Angeles a remplacé Londres dans les milieux underground et pop. Son livre est une fête. C’est léger, drôle, pétillant. Babitz n’a pas sombré comme tant d’autres, car elle est
« celle qui sait flairer le désastre et s’en éloigner autant que possible ». Avant de préciser :
« Les Héros et les Ingénues doivent être des mutants, car ils ne dépassent jamais le milieu de l’Acte Trois (à supposer que l’on soit dans une tragédie, ce qui est le cas en général). » Quelle femme…