POLÉMIQUE
Le sujet n’est plus tabou mais il est loin de faire l’unanimité : certains clubs ont commencé à moins bien payer leurs joueurs pour réaliser des économies budgétaires rendues nécessaires par la crise épidémique et ses conséquences. Fausse bonne idée ou vr
Dans la tempête que traverse le football français, entre un diffuseur principal – Mediapro – mauvais payeur, vilipendé et contraint de mettre la clé sous la porte, des droits TV en chute vertigineuse (« seulement » 650 millions d’euros pour la saison en cours versés par Canal+ au lieu du milliard attendu) et des bilans financiers dans le rouge vif pour les quarante clubs professionnels (20 en Ligue 1, autant en Ligue 2), une question occupe tous les esprits. Quel(s) levier(s) activer pour tenter d’alléger une note déjà bien salée ? En attendant le retour des jours fastes et heureux (public payant dans les stades, droits TV à nouveau florissants, transferts juteux… et argent frais dans les caisses), s’est peu à peu imposé le sujet, brûlant et explosif, de la baisse des salaires des joueurs. solution miracle ou vraie chimère ? Pansement sur une jambe de bois, nécessaire quoique insuffisant ou pure démagogie ? évidence : avant une refonte éventuelle de son modèle structurel plus en phase avec une certaine réalité économique, le monde professionnel du ballon rond a besoin de réduire son train de vie. Question de vie ou de mort pour certains. raison pour laquelle, après l’obtention d’aides de l’exécutif via des PGE (Prêt garanti par l’état) qu’il faudra rembourser, des exonérations de charges patronales, plusieurs clubs ont entamé ces dernières semaines des discussions avec leurs joueurs pour les faire accepter une baisse (provisoire) de leurs revenus.
La démarche est compréhensible. surtout quand on sait le poids de la masse salariale d’un club : en moyenne 54 % des charges d’exploitation des formations de Ligue 1 – soit le premier poste de dépenses –, avec un salaire médian d’un joueur de l’élite qui oscille autour des 35 000 euros brut mensuel, bien loin des deux stars que sont le brésilien neymar et le champion du monde Kylian Mbappé, tous deux au Paris SG, qui émargent respectivement à 3,06 et 1,91 million d’euros brut mensuel. Des chiffres astronomiques, à mettre toutefois en regard des sommes non moins astronomiques que rapportent aux clubs les stars des clubs. Mais tous les joueurs, s’ils restent de grands privilégiés, ne sont pas logés à la même enseigne… Face à l’impossibilité d’accord collectif, les tractations se déroulent de gré à gré entre les patrons de clubs et leurs joueurs, parfois accompagnés de membres de l’UnFP (Union nationale des footballeurs professionnels). Avec un accord-cadre et un résultat immédiat du côté de Lens, Montpellier, Lorient, reims ou encore strasbourg, pour des baisses de salaires jusqu’à l’été prochain allant de 5 à 20 % et une économie chiffrée à hauteur de 2,5 millions d’euros pour le club nordiste par exemple.
DES JOUEURS RÉTICENTS
« Mes joueurs sont des hommes avec un grand coeur, atteste Laurent nicollin, président de Montpellier, fils du truculent et regretté Loulou. Après, c’est toujours pareil, quand on tape au portefeuille, on fait plaisir à certains et moins à d’autres… » si les négociations ont rapidement débouché sur un accord chez certains, d’autres institutions (nantes, bordeaux, Saint-Etienne) n’ont pas bougé une oreille et certains, aux « fortunes » diverses, ne le feront pas (Paris SG, Monaco, nice, Metz, Dijon, brest…) pour des raisons parfois distinctes : désir de ne pas polluer la dynamique sportive, volonté de ne pas froisser un vestiaire aux ego parfois surdimensionnés ou tout simplement situation financière interne qui ne l’impose pas. « Les joueurs, sauf quelques exceptions, ne veulent pas entendre parler d’une baisse de leur salaire, avance un agent de plusieurs footballeurs évoluant en Ligue 1. Ils n’en ont pas envie. Ils ne sont pas contre un élan de solidarité, mais ils jouent tous les week-ends et ne veulent pas payer les pots cassés après une mauvaise gestion de leurs patrons. » La solidarité pourquoi pas, mais dans une certaine mesure…