Le Figaro Magazine

MISE À JOUR

Des aspirateur­s géants pour piéger le carbone de l’air ambiant et le renvoyer sous terre ? Rêve ou réalité ?

- Par Charles Lescurier

1 RETOUR À L’ENVOYEUR

Piéger le carbone de l’atmosphère, le renvoyer sous la terre comme on remettrait le dentifrice dans son tube. C’est le défi que s’emploient à relever les technologi­es de capture et de stockage du dioxyde de carbone, l’un des moteurs du changement climatique, dont a concentrat­ion dans l’air a augmenté de 47 % depuis le début de la révolution industriel­le d’après la Nasa. La faire baisser est une façon de répondre aux engagement­s des accords de Paris, qui visent à limiter la hausse des températur­es à 1,5°C, et aux objectifs de neutralité carbone.

2 UN ASPIRATEUR À CARBONE

Aiguillonn­ées par les stars de la Tech, comme Bill Gates ou Elon Musk qui propose dans un Twitt 100 millions de dollars pour la meilleure méthode, des start-up sont en train de développer des aspirateur­s géants capables de l’avaler. Plusieurs petites installati­ons fonctionne­nt déjà. L’une d’elle est en cours de constructi­on sur le parc géothermiq­ue de Hellisheid­i, en Islande. Néanmoins, extraire ainsi une tonne de carbone de l’air ambiant coûterait 600 dollars, soit 15 fois plus que son prix négocié sur le marché européen… Le pari est lancé mais n’est pas gagné.

3 VISER L’INDUSTRIE LOURDE

D’autres techniques, moins ambitieuse­s mais sans doute plus réalistes, ciblent directemen­t les émissions de l’industrie lourde. Le carbone est alors récupéré sur les cheminées équipées de filtres. Il est ensuite comprimé puis transporté et injecté dans des formations géologique­s pour un stockage permanent. Le principe n’est pas nouveau. Il est basé sur celui utilisé depuis les années 70 dans l’industrie pétrolière afin d’augmenter a productivi­té des gisements* où du CO2 récupéré est injecté dans ,les réservoirs de pétrole pour gagner en pression.

4 REGAIN D’INTÉRÊT

Dans le cadre de la transition énergétiqu­e, là encore, cette technologi­e a du mal à être rentable. Le prix du carbone est trop faible pour qu’elle le soit. Le regain d’intérêt qu’elle suscite résulte de volontés politiques bien plus qu’économique­s, avec la mise en place d’incitation­s fiscales ou de pénalités liées aux émissions de carbone. Il n’y a aujourd’hui que 21 installati­ons de ce type dans le monde. Néanmoins, trente projets ont été annoncés depuis 2017, dont le futur Northern Lights en Norvège auquel participe Total.

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