Le Figaro Magazine

DANONE : UN COMBAT DE VALEURS

Cette entreprise pas comme les autres, qui croit en sa mission sociale, traverse une passe difficile.

-

Au secours les Riboud ! Antoine, le père, avait fait de Danone un groupe mondial ; Franck, son fils, avait encore accru son chiffre d’affaires – pour rester le n° 1 mondial de l’agroalimen­taire. C’est dans ce contexte qu’il décidait de nommer Emmanuel Faber (un HEC recruté par lui, vingt ans plus tôt), d’abord comme directeur général en 2014, puis comme PDG en décembre 2017. Un pari sur un avenir serein : Franck Riboud n’avait alors que 62 ans.

Trois années ont passé. Voici que Faber traverse une difficile crise de gestion, en affrontant des fonds d’investisse­ment américains hyperactif­s, qui, chacun à leur tour, l’attaquent sur ses résultats et son cours de Bourse, lequel a flanché de 25 % en un an. Une telle baisse signifie qu’une secousse sévère frappe cette maison.

Danone célébrait le 15 mai 2019 le centenaire de sa création. Son fondateur, Isaac Carasso, avait lancé son activité de fabricatio­n de yogourts en Espagne avant de la développer en France ; son fils, Daniel prit la suite aux États-Unis, avant de revenir en Europe. Une rencontre entre lui et le président du groupe d’emballages en verre BSN, Antoine Riboud, décide, en 1973, le début d’une nouvelle aventure à travers la fusion de BSN avec Gervais et Danone. En 1994, Riboud ne conserve à son groupe que le nom de Danone, plus simple pour rassembler toutes les marques acquises entre-temps.

Mais cela ne vaut que par la vocation économique et sociale de l’entreprise qu’il décrit, dès le départ, comme une mission, une vision, pour le siècle à venir, une « cathédrale construite pour défier le temps » : la santé passe par l’alimentati­on ! Son fils, Franck, parlera d’une

« soif d’aventures, de pionniers », comme dans un

« film de cape et d’épées ». Le choix du successeur, Emmanuel Faber, obéit à cette philosophi­e. Danone, dit ce dernier, c’est « la santé des humains, la santé de la planète ». Et à l’assemblée générale du 26 juin 2020, le « moine soldat » s’emploie à faire plébiscite­r le statut d’« entreprise à mission » qu’il entend donner au groupe. Mais l’entreprise est-elle en si bonne santé que cela ? Elle se défait sous les coups du coronaviru­s. Au mois de novembre dernier, Faber annonce la suppressio­n de 2 000 emplois dont 400 en France – sur les

105 000 salariés du groupe. C’est pourtant à ce moment-là que les fonds américains détenteurs d’actions Danone, Bluebell Capital, puis Artisan Partners, s’en prennent à la valeur et attaquent son président. Celui-ci devait présenter ce 19 février ses résultats pour 2020. La bataille allait-elle laisser Franck Riboud indifféren­t ? On se demandait qui pourrait trancher.

Newspapers in French

Newspapers from France