TITRES DE GLOIRE
On est bien, tiens. Les présidents veulent être normaux, les actrices ressembler à des techniciennes de surface. Les acteurs, eux, se retrouvent dans la rubrique Faits divers. Ça n’est pas leur meilleur rôle. Les plaintes se succèdent. Les gardes à vue dégringolent. Il est question d’entre-soi (se boucher les narines). Ne pas confondre avec le vivre-ensemble. Le premier est dégoûtant, le second un but à atteindre. S’il y en avait en ce moment, les films auraient du mal à lutter contre l’actualité. Les livres de témoignage arrivent en tête des ventes. À leur propos, les animateurs paresseux parlent de grande littérature. C’est comme si on disait que les émissions de Mireille Dumas valaient Ingmar
Bergman. Les best-sellers réservent des surprises. Il suffit que le nom d’un dignitaire nazi figure dans le titre pour attirer le public. La Goûteuse d’Hitler, La Cuisinière d’Himmler, Le Tatoueur d’Auschwitz : ça, le chômage ne sévissait pas, dans l’Allemagne des années 1940. On attend « Le Kiné d’Albert Speer », « La Psy de Goebbels ». Pendant ce temps, James Ivory va adapter les romans d’Édouard Louis. Ça le changera d’E. M. Forster. La nouvelle ne risque pas de précipiter la réouverture des salles. Heureusement, Florian Zeller est nommé plusieurs fois aux Golden Globes. Nous bombons le torse. Anthony Hopkins joue The Father. Sur l’écran, Hannibal Lecter a l’Alzheimer. C’est encore un film d’épouvante.