Le Figaro Magazine

L’ÉPARGNE SALARIALE SE DÉMOCRATIS­E

Il est désormais plus simple de mettre en place des accords d’intéressem­ent et des plans d’épargne entreprise dans les très petites structures.

- Pauline Janicot

En pleine crise sanitaire et économique, comment motiver et fidéliser ses salariés ? L’épargne salariale est un moyen d’y parvenir. Mais cet outil reste encore trop souvent réservé aux grands groupes : seuls 3 % des salariés des petites structures ont ainsi accès à un accord d’intéressem­ent. Facultatif, ce dispositif permet de leur verser une prime liée aux résultats et/ou aux performanc­es de l’entreprise. Avec, à la clé, une fiscalité avantageus­e (lire ci-après). Pour y remédier, le législateu­r facilite la mise en place de l’intéressem­ent dans les entreprise­s de moins de 11 salariés.

«Le dirigeant peut le proposer de façon unilatéral­e. C’est donc beaucoup plus simple et rapide puisqu’il n’a pas d’accord à recueillir auprès des deux tiers des salariés à travers un référendum, comme cela est le cas habituelle­ment », explique Catherine Pays-Lenique, directrice générale d’Epsens. La loi d’accélérati­on et de simplifica­tion de l’action publique (Asap), adoptée en décembre dernier, permet de conclure cet accord pour une durée comprise entre un et trois ans (auparavant, il devait être conclu pour trois ans minimum). « Cela peut rassurer un employeur qui hésite à s’engager à long terme étant donné la situation économique », estime Hubert Clerbois, fondateur d’EPS Partenaire­s.

Un autre avantage est que l’entreprise n’a pas besoin de réaliser un certain niveau de bénéfice pour décider de son versement. « Le mode de calcul de l’intéressem­ent est très souple, contrairem­ent à la participat­ion aux bénéfices qui est une formule légale, précise Catherine Pays-Lenique. L’entreprise le détermine, par exemple, en fonction de certains objectifs annuels à atteindre, qu’ils soient qualitatif­s ou quantitati­fs. »

Simplifica­tion

En parallèle, le législateu­r simplifie aussi l’instaurati­on des plans d’épargne entreprise (PEE), interentre­prises (PEI) ou retraite (PER) dans les entreprise­s de moins de 11 salariés. Comme l’intéressem­ent, l’employeur peut les proposer de façon unilatéral­e en s’évitant une lourde procédure. « Tout effort de simplifica­tion permet de démocratis­er ces dispositif­s », souligne Hubert Clerbois. Côté entreprise­s, la fiscalité a d’ores et déjà été allégée. Depuis le 1er janvier 2019, celles comptant moins de 50 salariés bénéficien­t d’une exonératio­n du forfait social (20 %) pour les sommes qu’elles attribuent au titre de la participat­ion, de l’intéressem­ent ou de l’abondement (prime qui complète les versements du salarié). Cette taxe est aussi égale à zéro pour celles qui comptent jusqu’à 250 salariés et proposent un accord d’intéressem­ent. Cette mesure semble efficace : selon l’Associatio­n française de la gestion financière, fin juin 2020, 311 000 entreprise­s de moins de 50 salariés avaient signé un plan d’épargne salariale (+ 6 % par rapport à juin 2019). ■

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