LA VIE EST UN ROMAN-PHOTO
Clémentine Mélois est un petit génie. Membre de l’Oulipo, elle est connue pour avoir revisité des oeuvres littéraires en changeant les titres de classiques voire les noms des auteurs : Simenon (Mais Si), Melville (Maudit Bic), Voltaire
(Candide Crush), Foucault
(Votre dernier mot),
Dostoïevski (Crème et chat qui ment), Racine (Wifigénie),
Tolstoï (Père et gay),
Marguerite Duras (Le Ravissement de Lol mdr V. Stein), Victor Hugo (Les Individus en situation de précarité), Jean-Paul Sarthe
(Le Mans), Patrick Modiano (L’Absence de Zlatan Ibrahimovic), Paul Verveine (Nuit tranquille), Nietzsche (Crépuscule des idoles des jeunes, avec une photo de Johnny), Proust (Du côté de Sichuan), etc. L’ensemble a donné lieu à un livre devenu culte, Cent titres (Grasset) réunissant cent fausses jaquettes de livres imitant à la perfection la typographie et la maquette des éditions originales. Aujourd’hui, elle sort son grand oeuvre, Les Six Fonctions du langage, (Seuil, 14,90 €), un détournement des romans-photos des années 1970 dans lequel elle sublime la novlangue actuelle avec un sens de la poésie extraordinaire et invente des dialogues insensés pour évoquer des histoires d’amour ou des scènes de la vie d’entreprise : « Dis-moi des mots compliqués – Hypocoristique » ; « Je reste en attente de ta prompte réponse via mon mail privé » ; « Démonte-moi comme un meuble Ikea » ; « On est clairement sur un bien atypique ». Sans oublier les classiques : « J’ai envie de dire… » ; « Nickel Chrome ! Du coup, qu’est-ce qu’on a aujourd’hui ? ». Le livre le plus drôle depuis le dernier Christine Angot.