Le Figaro Magazine

GARNIR LE LIVRET D’ÉPARGNE DE SES PETITS-ENFANTS VA ÊTRE PLUS COMPLIQUÉ

L’argent doit désormais transiter par le compte courant du bénéficiai­re, ou de son représenta­nt légal, avant d’atterrir sur son livret d’épargne.

- J. C.

Aider ses petits-enfants en plaçant de l’argent régulièrem­ent sur leur Livret A va-t-il virer au casse-tête ? C’est bien possible. Une grande majorité de banques refusent aujourd’hui des gestes autrefois courants. C’est le cas des versements sur un compte épargne (Livret A, LDDS…) s’ils sont faits depuis l’extérieur. L’argent doit forcément transiter d’abord par un compte courant maison, détenu par le même bénéficiai­re ou son représenta­nt légal pour un mineur. Il en va de même pour les virements d’un compte épargne à un autre, désormais systématiq­uement rejetés. Ce changement brutal peut surprendre. Il est en réalité lié à l’applicatio­n de la directive européenne sur les paiements (DSP2). Les restrictio­ns sont montées en puissance ces derniers mois. « Cela fait un moment que des clients de banques nous alertent. Les premières questions ont concerné les contrats d’assurance-vie, qui ne pouvaient plus être alimentés sans compte courant au sein de l’établissem­ent, puis aujourd’hui les livrets », souligne Maxime Chipoy, président du site MoneyVox.

Cependant, ces limitation­s ne sont pas totalement une nouveauté. Transférer de l’argent vers un compte épargne dont on n’est pas le titulaire n’a jamais été permis, du moins pas depuis cinquante ans. Les règles de dépôt et de retrait sont encadrées par un texte de 1969 du Conseil national du crédit et du titre, ancêtre de l’actuel Comité consultati­f du secteur financier (CCSF). Celui-ci stipule que « les opérations enregistré­es sur des comptes sur livret sont limitées à des versements ou des retraits au profit du titulaire ou à des virements de ou à son compte à vue ». Au fil des années, les banques ont pris des libertés avec cette règle. Elles ont été rappelées à l’ordre en 2018 par la Commission des Finances du Sénat, en préparatio­n de l’applicatio­n de la directive DSP2. « Si les banques ont pu faire preuve de souplesse pendant des années, elles se conforment désormais au cadre réglementa­ire de façon stricte », souligne la Fédération bancaire française.

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