À L’AFFICHE Culturellement vôtre, par J.-Ch. Buisson et les passe-temps d’Éric Neuhoff
Vu sa sélection, la cérémonie 2021 s’annonce aussi mal que les précédentes.
La cérémonie des César aura bien lieu cette année et sera retransmise sur Canal+. Voilà déjà un double miracle. Que les féministes racisées et radicalisées n’aient pas mené campagne pour débaptiser l’événement, le nom de César étant synonyme au sens propre
(le sculpteur) et figuré (les empereurs) de virilité blanche, en est un. Le second ? Que la chaîne de Bolloré-qui-emploie-Pascal-Praud-et-Éric-Zemmour ne suscite pas un boycott généralisé des acteurs du septième art, en général si sensibles à la lutte contre un discours ne prônant pas forcément le vivre-ensemble et l’accueil chaleureux de tous les immigrés de la terre. Mais il est vrai que Canal+, en même temps, aide généreusement à la survie du cinéma, donc au confort desdits acteurs. « La question morale, elle est vite répondue », comme dirait l’autre…
Bref, César 2021, vendredi 12 mars, à 21 heures. Mais cela vaut-il vraiment la peine d’y jeter ne serait-ce qu’un oeil ? Des films dans l’air du temps LGBT surreprésentés, d’autres sélectionnés du bout des lèvres, d’autres encore honteusement omis : le changement de gouvernance et de fonctionnement de l’Académie ne semble pas avoir perturbé le mode de sélection. Pourquoi Le Prince oublié
(qui porte bien son nom), Play, Les Apparences
ou Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part
ne figurent-ils pas parmi les nommés ? Et Felicità ou La Fille au bracelet si peu ? Adolescentes, Été 85 et Antoinette dans les Cévennes méritaient-ils 24 nominations à eux trois ? Le beau De Gaulle
de Gabriel Le Bomin avec Lambert Wilson dans le rôle-titre (photo) n’est-il pas étrangement négligé avec seulement trois citations, dont deux techniques ? Même si sa chouinerie sur Instagram était ridicule, Juliette Binoche n’avait-elle pas sa place dans la course à la statuette de meilleure actrice avec sa prestation merveilleuse dans
La Bonne épouse (qui vaut largement celles de Laure Calamy sur son âne dans Antoinette dans les Cévennes et Barbara Sukowa dans son lit avec sa compagne dans Deux). Et que dire de la présence dans la catégorie meilleur espoir féminin de Julia Piaton ? 36 ans, 19 ans de carrière, 30 films ou séries au compteur : il y a des promesses de récompenses qui sonnent comme des insultes. À l’image du palmarès à venir ?