Le Figaro Magazine

“L’atout du coeur”

- PAR FRÉDÉRIC BRUN * * Aujourd’hui journalist­e, Frédéric Brun fut le témoin de mariage et l’assistant parlementa­ire d’Olivier Dassault.

Vous avez dans les yeux une lumière qui vient du coeur », avait dit un jour Mstislav Rostropovi­tch à Olivier Dassault. Soulignées d’un large sourire joyeux et éclatant, rempli d’optimisme, ces pupilles bleu ciel abritaient surtout un regard aussi bienveilla­nt qu’entreprena­nt. Mieux, une vision. Doué d’une capacité d’analyse rare, d’une impression­nante faculté de mémorisati­on immédiate, il trouvait, en une lecture rapide, les trois arguments décisifs dans un volumineux rapport. Ingénieur et pilote de chasse de formation, il allait à l’essentiel. Esthète à l’élégance sophistiqu­ée, épicurien, animé d’une foi catholique sincère, il aimait être entouré de beauté.

Dans l’action politique, il mettait en place des dispositif­s techniques simples et efficaces, tout en s’octroyant le plaisir de discours lyriques sur les grands sujets à la tribune de l’Assemblée nationale. Olivier Dassault était le pilote, aussi bien aux commandes de ses avions que pour diriger ses équipes. Il donnait les directions et gardait le cap. Dans les airs comme dans l’hémicycle, il anticipait avec beaucoup d’intuition les météos favorables comme le gros temps. Pour le reste, Olivier Dassault savait admirablem­ent déléguer et se reposait sur ses collaborat­eurs, avec une confiance bienveilla­nte mais exigeante, que les membres de « l’équipage » se faisaient un devoir de ne pas décevoir et pardonnant ses emportemen­ts. Une équipe dédiée à ses nombreuses passions et activités, toutes menées simultaném­ent et de front, avec l’apparence de la légèreté, mais grâce à une organisati­on de haut vol, qui lui permettait, disait-il, de « gagner du temps sur le temps ». Une équipe, à laquelle j’ai appartenu durant dix ans, qui formait une petite famille dont on ne sortait jamais vraiment.

Se définissan­t comme « le maillon d’une chaîne », il voulait « aider ceux qui aident », notamment au coeur de sa circonscri­ption de l’Oise. Les soirs de dépouillem­ents électoraux, Olivier Dassault calmait les anxiétés avec optimisme en considéran­t que « les soirs de défaites ne sont que des veilles de victoires ». Si l’emblème de Dassault est un trèfle à quatre feuilles, la carte maîtresse d’Olivier était son atout de coeur.

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Serge Dassault, lors de la présentati­on d’un Mirage 2000, au Salon
du Bourget, en 1997.
Olivier avec son père, Serge Dassault, lors de la présentati­on d’un Mirage 2000, au Salon du Bourget, en 1997.

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