Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

Deux mois après son élection, la situation s’aggrave de jour en jour avec plus de 4 000 enfants non-accompagné­s en détention dans des camps de fortune. Jusqu’à l’amener à contredire certaines de ses promesses de campagne.

- Par Vincent Jolly

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CE QUE JOE BIDEN A DIT SUR LA GESTION DE LA CRISE À LA FRONTIÈRE

« Si je suis élu, je ferai en sorte que l’on aille voir ces gens qui cherchent l’asile. Ils méritent d’être entendus. […] Nous sommes une nation qui dit, si vous fuyez l’oppression, vous devriez venir. » C’était en septembre 2019, lors des débats de la primaire pour la nomination du candidat du Parti démocrate. Une déclaratio­n parmi tant d’autres de Joe Biden, qui condamnait la situation à la frontière américano-mexicaine : des enfants migrants séparés de leurs parents et hébergés dans des camps de fortune. Il était alors facile pour le futur président de dénoncer la gestion de son adversaire et de promettre, jusqu’en octobre 2020, qu’il ferait tout pour accueillir les dizaines de milliers de migrants venus d’Amérique latine. Jusqu’à finalement déclarer aux caméras d’ABC, le 16 mars dernier : « Je peux le dire clairement : ne venez pas », en s’adressant auxdits migrants. « Nous sommes en train de nous préparer. Ne quittez pas votre ville et votre communauté. » Vous pourrez venir, mais quand on vous le dira, précise en somme Joe Biden. Un discours beaucoup plus nuancé que celui qu’il tenait quelques mois plus tôt. Ce que les Républicai­ns, et bon nombre de Démocrates, ne manquent pas de dénoncer.

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CE QUE JOE BIDEN A FAIT DEPUIS SA PRISE DE FONCTION

Depuis sa victoire en novembre dernier, le nombre de migrants recensés à la frontière américano-mexicaine n’a cessé d’augmenter pour atteindre des chiffres proches de ceux de 2019, quand la crise avait défrayé la chronique partout sur la planète. Il y a dix jours, des photos diffusées par Henry Cuellar (un parlementa­ire démocrate texan) montraient l’intérieur des campements pour mineurs non accompagné­s, rappelant les images déjà prises pendant le mandat du président Trump. « Nous travaillon­s d’arrache-pied pour améliorer la situation et retirer ces enfants de ces campements », a déclaré le secrétaire d’État à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas qui précise qu’au contraire de la précédente administra­tion, celle-ci « n’expulse pas des enfants de 5, 7 ou 9 ans ». Près de la moitié des migrants actuelleme­nt détenus dans les centres sont des mineurs non accompagné­s. Joe Biden a décidé de confier la gestion de cette crise à sa vice-présidente Kamala Harris. Un pari risqué. « Si elle échoue, les conséquenc­es pourraient faire dérailler la présidence et faire oublier à l’opinion publique toutes les mesures prises par le Président », analysait à ce sujet un correspond­ant de la BBC.

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POURQUOI CETTE SOUDAINE AUGMENTATI­ON DU FLUX MIGRATOIRE ?

Même si Joe Biden dit le contraire, son élection n’est pas totalement étrangère à cette nouvelle crise. Interrogés par les caméras des médias anglo-saxons, des dizaines de migrants semblent penser que Joe Biden compte abattre les obstacles à leur venue aux ÉtatsUnis. Ce qui, aux yeux de beaucoup, a justifié le risque d’entreprend­re ce voyage plein de dangers et de quitter leurs familles et leurs proches. Mais les raisons de cette crise migratoire sont bien plus profondes que la seule élection d’un président : en premier lieu, la situation socio-économique déjà précaire et désormais aggravée par la pandémie de Covid-19 est évidemment au coeur de l’équation ; s’ajoutent les désastres causés en Amérique centrale par deux ouragans successifs, Eta et Iota, entre octobre et novembre 2020 : des milliers de personnes ont perdu leurs foyers en pleine pandémie ; enfin, fléau plus spécifique à la région : la violence endémique au Mexique, au Guatemala, au Honduras et au Salvador. Une violence qui, selon des récentes enquêtes concordant­es, serait en grande partie alimentée par un trafic d’armes illégales venues… des États-Unis.

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