Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

de François d’Orcival

- la chronique de françois d’orcival

La ministre des Armées, Florence Parly, a passé deux jours au Mali. Pour y saluer la mise en place d’une unité de forces spéciales, composée de Français, d’Estoniens, de Tchèques, auxquels se joindront des Suédois et des Italiens qui viendront soutenir l’armée malienne et notre force Barkhane contre les groupes djihadiste­s. Mais elle a surtout voulu dire à nos soldats sur place « sa fierté et sa confiance dans l’armée française ». Comme si celles-ci avaient besoin d’être réaffirmée­s.

Il est vrai que, deux jours plus tôt, le 30 mars, la division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma, c’est-à-dire des Nations unies, publiait un rapport d’enquête. Un document de 36 pages qui met en cause un bombardeme­nt aérien français ayant entraîné la mort de 19 civils et de 3 miliciens armés dans un village malien, Bounti, situé au centre du pays, dans la zone des trois frontières – Mali, Niger, Burkina Faso. En un mot, la France qui cherche à mobiliser l’Occident contre les djihadiste­s au Sahel est accusée de s’être livrée à un crime de guerre.

« Je conteste absolument ce rapport », dit le général Lecointre, chef d’état-major des armées. L’opération en cause a eu lieu le 3 janvier. Les 28 décembre et 2 janvier précédents, cinq soldats français étaient tués par des engins explosifs dans la même région. C’est ce même 2 janvier que démarre dans ce secteur l’opération Éclipse, au cours de laquelle, diront les Français, « une centaine de terroriste­s »

seront neutralisé­s en trois semaines, « une vingtaine capturés, plusieurs motos et matériels de guerre saisis ».

Puis, le 16 février, a lieu à N’Djamena le sommet des chefs d’État du G5 Sahel qui ont constitué avec la France, une « force conjointe ». Ils se félicitent « des résultats enregistré­s face aux groupes terroriste­s » et citent l’opération Éclipse comme un « exemple de coopératio­n civilo-militaire efficace »…

Pendant ce temps, les enquêteurs des Nations unies se rendaient à Bounti pour y conduire leur enquête. Appelés par qui ? Tout en affirmant que dans cette région « opèrent de nombreux groupes armés organisés », ils prétendent qu’avait lieu un mariage le 3 janvier, un dimanche aprèsmidi, mais que seuls des hommes (« de 23 à 71 ans »)

ont été frappés par le raid français. Le général Lecointre conteste

« absolument » que les hommes en question n’aient été que des « civils » atteints au hasard. Il a les images du drone qui les a filmés. Lecointre a de la mémoire : il était capitaine en 1994 quand la France fut accusée d’avoir pris part au génocide du Rwanda qu’elle s’était engagée à faire cesser. Cela ne s’oublie pas.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France