POINT FINAL

ALondres, une énorme biographie – 1 000 pages – de Sylvia Plath vient de sortir. En 1963, à 30 ans et des poussières, l’auteur de La Cloche de détresse met la tête dans le four. C’était entrer ainsi dans une longue cohorte de destins brisés. Il faut bien avouer que le suicide n’a plus la cote, chez les artistes. Les chanteurs de variétés évitent de se trancher les veines. Aucune starlette ne songerait à avaler des comprimés. Les hebdomadaires à scandale se désolent. On ne peut compter sur personne. Où est le temps des Drieu La Rochelle (gaz plus gardénal), des Montherlant (balle dans la bouche) ? Parfois, une oeuvre se signe d’un trait de sang, d’une détonation dans le noir. Jean-Louis Bory braque une arme à feu contre son coeur. Romain Gary s’enfonce un calibre 38 dans la bouche après s’être acheté une robe de chambre rouge. Dans sa maison, impasse du Moulin-Vert, Patrick Dewaere s’empare d’une 22 long rifle. Le producteur Humbert Balsan se pend dans ses bureaux face à l’église Saint-Eustache. Ça n’était plus du cinéma. Les étrangers n’étaient pas en reste. Mishima s’ouvre le ventre selon le rituel consacré. Hemingway appuie son fusil de chasse contre son front. Le soleil ne se lèvera plus. Dans son hôtel catalan, George Sanders s’envoie un cocktail vodka-barbituriques et laisse cette note : « Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisances. Bon courage. » La classe hollywoodienne.