BAVARDAGES EN LIBERTÉ

Le moulin à paroles ne s’arrête jamais

La parole s’est libérée. C’est tout neuf, dit-on. Et on doit s’en réjouir. Soit. Mais à la télévision, la parole sans contrôle est une spécialité ancienne. « Les Z’amours » (France 2 du lundi au samedi 11 h 30) s’arrêtent dans quelques mois mais, depuis 1995, des braves gens rigolards y déballent leur vie de couple. La relative nouveauté, peut-être, c’est l’impudeur. Que ce soit chez Faustine Bollaert (« Ça commence aujourd’hui », France 2, du lundi au vendredi 14 h), Evelyne Thomas (« C’est mon choix », diffusé pendant près de vingt ans sur diverses chaînes, et visible aujourd’hui sur YouTube), « Familles nombreuses » (TF1, du lundi au vendredi à 18 h) ou à « La Villa des coeurs brisés » (6e saison sur TFX, du lundi au vendredi à 18 h), chacun se montre dans le simple appareil. Moral et physique. À côté de certaines séquences, l’effeuillage de Masiero aux César est de la dernière élégance. Comme elle, quelques excellents Français osent tout et ne s’empêchent de rien. Ils étalent petites manies et grands malheurs. Encouragés à l’exhibitionnisme et au manque total de délicatesse.

Les plus amusants sont toujours les jeunes gens exposés dans « La Villa des coeurs brisés ». Ils ont aux alentours de vingt ans. Le soin qu’ils ont pris de leur allure les a empêchés de s’occuper de leur cerveau. Mais ils ont un coeur qui bat et qui parle. Marivaux pour les sentiments, Bigard pour leur expression. Et tous sont comme des symboles d’une certaine télévision d’aujourd’hui, sans complexes, sans retenue, sans tenue.