LE BOUFFON ET LE BOULET

On ne trouve même plus de femme de ménage. Toutes les femmes écrivent », consignait Léautaud dans son Journal. Aujourd’hui, avec la Covid et le confinement, tous les Français écrivent. À tel point que la maison Gallimard, débordée, a posté un tweet incitant les romanciers en devenir à « surseoir à l’envoi des manuscrits ». Cela tombe bien, un « prix du roman non publié » a été créé, présidé par la grande romancière Émilie Frèche (c’est une blague) et a été décerné à La mère et l’enfant vont bien de Marion Deshayes, qui « raconte les heures cruciales d’après l’accouchement où mère et fille s’apprivoisent », selon Livres Hebdo, et sera publié aux nouvelles éditions Novice. C’est un peu faire les poubelles, mais il vaut mieux que les Français écrivent plutôt qu’ils regardent le millième débat sur la gestion de la pandémie ou une autre série débile sur les plates-formes de streaming. Un autre s’est mis à écrire : Guillaume Meurice (photo), l’homme le moins drôle de France, qui débite sur France Inter – radio du service public financée par les contribuables – ses blagounettes censément urticantes mais éminemment consensuelles. Il s’est lancé dans le roman historique et raconte la vie de Triboulet, bouffon de Louis XII (pardon, de Louis 12) puis de François 1er. On voit le finaud rapprochement : Meurice se voit comme le bouffon d’Emmanuel Macron alors que celui-ci en a déjà un bien plus drôle, Jean-Luc Mélenchon (la République c’est lui). Vivement que Charline Vanhoenacker nous fasse une biographie de Berthe au grand pied.