Le Figaro Magazine

L’ÉDITORIAL de Guillaume Roquette

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L’islam de la République n’est pas pour demain. En proposant en début d’année aux principale­s associatio­ns musulmanes de signer une charte reconnaiss­ant des principes communs, Emmanuel Macron espérait bien jeter les bases d’une forme d’unité. Mais l’échec est patent. Plusieurs organismes ont repoussé sans vergogne un texte dont les principes semblent pourtant aller de soi (égalité hommefemme, refus des influences étrangères, acceptatio­n de l’apostasie…).

Face à ce rejet de nos principes républicai­ns, le gouverneme­nt a choisi de faire profil bas. le Conseil français du culte musulman (CFCM) étant au bord du collapsus, une nouvelle organisati­on, départemen­talisée, est dans les limbes. Et on attend toujours la condamnati­on solennelle, au plus haut niveau de l’État, des associatio­ns qui refusent ouvertemen­t nos règles de vie en société : il ne faudrait pas mettre de l’huile sur le feu en rappelant trop clairement nos principes.

De toute évidence, ce message de conciliati­on, voire de soumission, a été compris cinq sur cinq. l’une des principale­s associatio­ns opposées aux principes d’un islam de France, la turcophile Millî Görüs, multiplie les coups d’éclat : elle construit à Strasbourg une immense mosquée grassement subvention­née par la municipali­té écologiste et veut ouvrir à albertvill­e une nouvelle école hors contrat. le gouverneme­nt entend-il s’y opposer ? les responsabl­es de Millî Görüs n’y croient pas, forts de plusieurs écoles déjà ouvertes sans difficulté.

On peut retenir plusieurs leçons de cette pantalonna­de. d’abord que les musulmans de France restent largement sous influence étrangère : l’islam consulaire a de beaux jours devant lui, avec toutes les dérives que des chefs d’État comme Erdogan peuvent faire prospérer. Et cette soumission à des puissances extérieure­s se conjugue sans surprise avec le rejet de nos valeurs républicai­nes. toutes les études d’opinion démontrent l’ampleur du phénomène : le mois dernier, un sondage ifop montrait ainsi que 88 % des lycéens musulmans étaient favorables à l’abrogation de la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, et donc à l’autorisati­on du voile islamique dans l’espace scolaire.

Que faire face à ce rejet de nos valeurs ? Commençons par arrêter de croire à l’émergence d’un hypothétiq­ue islam de France, avec son clergé et ses organisati­ons représenta­tives. Voilà vingt ans que tous les ministres de l’intérieur s’y cassent les dents les uns après les autres. Contentons­nous de fixer des règles strictes et d’exiger leur applicatio­n, sans espérer la coopératio­n d’organisati­ons noyautées par l’islamisme.

Et enfin, ouvrons les yeux sur une immigratio­n familiale musulmane qui ne fait qu’aggraver la situation. les Français de fraîche date qui font venir leur conjoint de leur pays d’origine développen­t une forme d’endogamie dans la communauté musulmane, renforçant du même coup l’emprise des États étrangers. Qui osera rompre ce cercle vicieux de la non-intégratio­n ?

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