Le Figaro Magazine

EN VUE François Baroin

Christian Jacob, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, chacun à sa manière, avec des buts différents, ont permis au maire de Troyes de revenir sur le devant de la scène politique.

- Carl Meeus

Absent médiatique­ment mais présent dans tous les esprits. C’est le tour de force que réussit François Baroin. Depuis plus d’un an, le maire de Troyes évite le plus possible les journalist­es. En vieux routier de la politique, il sait que les questions porteraien­t essentiell­ement sur la future élection présidenti­elle et sa décision d’y aller ou de ne pas y aller. Inutile de remettre la pression, d’autant qu’il avait réussi à la faire retomber en septembre dernier.

Alors que tous les médias attendaien­t un signe, il a habilement laissé ses amis parler à sa place et indiquer que l’ancien ministre leur avait confié ne pas vouloir être candidat. Opération réussie, la pression est immédiatem­ent retombée sans que François Baroin ait eu à faire une déclaratio­n publique. Mais alors d’où vient que son nom réapparais­se dans les esprits des politiques et des commentate­urs à l’évocation de l’échéance présidenti­elle ? Trois personnage­s sont responsabl­es de ce retour. Tout d’abord Christian Jacob. Le patron des Républicai­ns n’a jamais abdiqué l’idée que son ami ne serait pas le candidat de son camp en 2022. Il a laissé passer l’orage médiatique en septembre dernier, mais depuis quelque temps, il relance l’hypothèse dans les conversati­ons. « La politique est une histoire de calendrier et de contexte, explique l’ancien ministre. C’est à François Baroin de décider, mais mon intuition est que le jeu est ouvert jusqu’à cet automne. » Les chiraquien­s sont bien placés pour savoir, comme le disait La Fontaine, que « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Raviver la flamme d’une possible candidatur­e Baroin, c’est aussi pour Christian Jacob ne pas avoir à soutenir trop vite un Xavier Bertrand, pressé de plier le match des prétendant­s à droite. Si seulement les sondages se décidaient à tester une hypothèse Baroin en 2022… Deuxième personne à citer à nouveau François Baroin : Nicolas Sarkozy. Devant ses interlocut­eurs, l’ancien président de la République échafaude les conditions d’un soutien de la droite à Emmanuel Macron, face à une menace de Marine Le Pen. Parmi elles, la nomination de François Baroin à Matignon. L’hypothèse de la Rue de Varenne était déjà celle privilégié­e par le maire de Troyes en 2017 quand il soutenait Sarkozy à la primaire, puis Fillon à la présidenti­elle et enfin quand il menait la campagne des élections législativ­es, tentant d’imposer une cohabitati­on avec Emmanuel Macron.

Le président de la République est le troisième personnage à remettre en selle François Baroin. En décidant de consulter les maires en fin de semaine dernière, Emmanuel Macron a provoqué la colère du président de l’Associatio­n des maires de France (AMF), qui avait déjà donné son avis sur la question du maintien ou non des élections régionales et cantonales. « Cette consultati­on précipitée, du vendredi soir pour le lundi matin, ne nous paraît pas être une méthode appropriée pour traiter une question de cette importance », fustigeait François Baroin, dans un courrier adressé à l’ensemble des maires. Finalement, la majorité des maires s’est déclarée favorable au maintien du scrutin en juin. Comme les instances de l’AMF qui avaient fait connaître leur décision au premier ministre.

Parmi les arguments évoqués en septembre dernier pour justifier son refus, ses amis mettaient en avant sa vie privée et son métier d’avocat d’affaires. Des contrainte­s qui n’auront pas changé à l’automne prochain. Ce qui fait dire à certains de ses amis qu’il n’ira pas. Quand d’autres misent sur le danger Le Pen : « Chez les Baroin, on ne laisse pas passer l’extrême droite. » Si la menace d’une élection de Marine Le Pen en mai 2022 devait se préciser, alors François Baroin pourrait changer d’avis et faire « son devoir ».

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