Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE d’Éric Zemmour

- ÉRIC ZEMMOUR Éric Zemmour

Deux pays dans le monde prononcent le nom de la France dans leur hymne national. La pologne, pour rendre hommage au soutien de Napoléon ; et l’Algérie pour nous prévenir sans ambages : « France, voici venu le temps de rendre des comptes. » Cet avertissem­ent a été rédigé dans la foulée de l’indépendan­ce, mais il reste à l’ordre du jour, comme le prouve la rebuffade subie par Jean Castex, la semaine dernière, lorsque sa visite fut annulée au dernier moment par les autorités algérienne­s. pourtant, Emmanuel Macron avait, depuis son élection, multiplié les gestes de bonne volonté : accords de coopératio­n économique jusqu’au rapport stora sur la guerre d’Algérie. Après la publicatio­n de ce rapport, un ministre algérien a déclaré : « Le criminel refuse toujours d’avouer son crime. » Après l’épisode Castex, un de ses collègues a désigné la France comme « l’ennemi traditionn­el et éternel ».

On pourrait analyser le comporteme­nt algérien à la lumière d’une psychanaly­se de bazar : c’est la France qui a inventé l’Algérie, son nom, ses frontières ; l’Algérie est devenue une nation par opposition à la puissance coloniale. Cette terre avait toujours été un point de conquête : romains, Arabes, Espagnols, Ottomans. Mais les Algériens ne veulent se souvenir que de la colonisati­on française. De ses crimes, bien sûr, alors que c’est la seule qui a aussi laissé un héritage abondant (villes, routes, ponts, hôpitaux, etc.).

Les accusation­s de génocide sont une aimable plaisanter­ie : quand les troupes de Charles X débarquent, la population locale s’élève à 2 millions. Quand les Français partent, en 1962, elle est de 10 millions. Et aujourd’hui, 40 millions ! Alors que faire ? Le contraire de ce qu’ont fait tous nos présidents depuis le général de Gaulle lui-même : tendre la main et ouvrir les bras à l’immigratio­n. il faut se résoudre à l’évidence : l’Algérie ne sera pas l’Allemagne. il n’y aura pas de réconcilia­tion sur le modèle de Gaulle-Adenauer. Le conflit avec l’Algérie s’enchâsse dans un combat millénaire entre chrétienté et islam, une guerre de civilisati­ons qui se réveille désormais sur notre propre sol. C’est pourquoi il faut annuler les innombrabl­es mesures qui ont facilité l’immigratio­n algérienne sur notre territoire. La diaspora algérienne est trop importante (6 millions, selon l’ambassadeu­r de ce pays, en France) et finit par donner un pouvoir exorbitant de pression à Alger sur paris, comme Ankara agit sur berlin grâce à la diaspora turque en Allemagne.

La haine antifrança­ise se répand des deux côtés de la Méditerran­ée, parmi les manifestan­ts du Hirak à Alger comme dans les banlieues françaises où les « Gaulois » sont vitupérés, voire agressés. Emmanuel Macron s’est mis dans la lignée de ses prédécesse­urs, accumulant paroles de repentance et gestes de soumission. Cette faiblesse française n’apaise rien : au contraire, elle excite le mépris et le ressentime­nt. « La faiblesse attise la haine » : Nietzsche nous avait prévenus.

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