Le Figaro Magazine

MARC LAMBRON LA GLOIRE DE SON GRAND-PÈRE

Dans un beau et court récit chargé d’émotion, le romancier évoque sa famille maternelle. Et en particulie­r le père de sa mère, dont l’exemple le marqua pour le reste de son existence.

- LES RENDEZ-VOUS DE J-R VAN DER PLAETSEN

Il faut savoir couper le courant, éteindre les lumières et regarder les étoiles qui éclairent les ciels de nos campagnes. Ce n’est pas donné à tout le monde. il convient de bien connaître cette France périphériq­ue décrite par Christophe Guilluy pour entrevoir la féerie simple de nos provinces. Marc Lambron a connu cette France-là, qui a rythmé l’existence de nos ancêtres, en donnant un sens à leurs combats ou leur labeur, et il ne l’a jamais oubliée. La preuve par Le Monde d’avant, récit rectiligne d’une vie toute en rectitude : celle de son grand-père.

On se trompait sur Lambron. On le voyait en personnage proustien, porté sur la chronique mondaine, discernant, à l’instar de Fitzgerald, des étoiles dans les lustres des palaces, puis gratifiant le lecteur d’ouvrages nerveux et trépidants, dont le style électrique, avec ses formules pleines d’étincelles et de grésilleme­nts, évoque si souvent celui de Morand. Derrière Lambron, il y avait Marc, qui a gardé de son enfance et de son adolescenc­e des souvenirs d’une pureté de cristal et d’une précision d’ouvrier métallo. De fait, son grand-père travailla dans des aciéries nivernaise­s et mena jusqu’à sa mort une vie humble et digne. Ce Lambron-là est tout en sobriété, pudeur et silences, et il écrit avec la force et la simplicité de l’évidence.

Parvenu à l’âge de son grand-père lorsqu’il le connut, ayant pris la mesure de six décennies humaines, Lambron lui rend hommage et paie sa dette envers les siens. « J’ai voulu décrire la vie simple de gens simples, qui croyaient aux vertus du travail et du courage, mais ne renonçaien­t pas au bonheur », dit-il, ajoutant : « Il y avait en eux un stoïcisme non résigné. » Lambron démontre, par son très beau récit sans artifices, que la concision n’est pas l’ennemie de l’émotion. Avec des accents qui rappellent Pagnol, il écrit : « Ces pauvres m’ont fait riche. » C’est toute la gloire de son grand-père.

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“J’ai le souci de ne pas décevoir leur digne passé”
Le monde d’avant, de Marc Lambron, Grasset, 95 p., 14 €.
La phrase du livre à retenir (p. 92) “J’ai le souci de ne pas décevoir leur digne passé” Le monde d’avant, de Marc Lambron, Grasset, 95 p., 14 €.
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