CNAC : OÙ EST LE CIRQUE ?
Comme avec le vin, chaque millésime du Cnac est une surprise. Mais sa qualité dépend moins du talent des circassiens que du metteur en scène désigné pour réaliser le spectacle de fin d’études des élèves au Centre national des arts du cirque de Châlonsen-Champagne. Avec le danger que celui-ci ne se fasse plaisir, plutôt que de magnifier les lauréats après leurs trois années de formation. Avec Balestra, Marie Molliens tombe dans ce travers, ce qui est d’autant plus incompréhensible de la part d’une ancienne circassienne. Elle avait pourtant de l’or dans les mains, mais au lieu d’en faire profiter le public, elle l’accable de ses visions désespérantes sur la vie et la société. Est-il nécessaire, quand on dispose d’un jongleur du niveau de Julien Ladenburger, de lui faire passer la serpillière pendant plus de la moitié de son numéro ? De détourner l’attention avec ces faux escrimeurs quand Elena Mengoni s’envole sur son trapèze ? Et pourquoi tant de violence, de hurlements, de sirènes, de porte-voix qui agressent le public ? Si Marie Molliens a tout de même eu le bon goût de laisser en l’état les numéros de roue Cyr de Marisol Lucht et de bascule des trois Belges Niels Mertens, Thales Peetermans et Tiemen Praats, c’est pour mieux reprendre la main et vite nous replonger dans son univers glauque. « Un bond en avant pour ces quatorze étudiants vers leur futur poétique », se félicitet-elle. Mais où est la poésie ? Après cette belle image de ces clowns blancs assis au fond du plateau, c’est une succession de scènes pesantes avec en prime les va-et-vient d’une chèvre dont on a du mal à saisir le propos. Le tout accompagné d’une bande-son complexe, compensée – heureusement – par de jolis moments de musique live.
Un beau gâchis.
La Villette jusqu’au 19 février, Elbeuf du 7 au 9 avril, Reims du 21 au 23, Montigny-lès-Metz du 12 au 14 mai, Lyon les 10 et 11 juin.