Le Figaro Magazine

AMÉNAGEZ VOTRE PISCINE DANS LES RÈGLES

Les beaux jours arrivent et, avec eux peut-être, l’envie de s’offrir une piscine. Avant de vous jeter à l’eau, sachez qu’il existe en la matière de nombreuses règles, pas toujours faciles à respecter.

- Par Caroline Mazodier

Réaliser un rêve ne se fait pas en un claquement de doigts. La première étape avant de lancer les travaux est de demander à la mairie une autorisati­on d’urbanisme, une démarche obligatoir­e si votre piscine fait plus de 10 m2. Il peut s’agir d’une simple déclaratio­n préalable (bassin supérieur à 10 m2 et jusqu’à 100 m2) ou bien d’une demande de permis de construire (bassin supérieur à 100 m2). Sans réaction de la part de la mairie, au bout d’un mois pour une déclaratio­n préalable et de deux mois pour un permis de construire, vous pouvez considérer que votre demande a été tacitement acceptée (ce délai peut toutefois être plus long, par exemple, si votre projet est situé dans une zone protégée).

CONTRAINTE­S MULTIPLES

Qu’il soit ou non soumis à autorisati­on, votre projet de piscine devra ensuite respecter le plan local d’urbanisme (PLU) ou tout autre document d’urbanisme en vigueur sur le territoire (carte communale ou règlement national d’urbanisme). Ces documents vous indiquent à quelles conditions votre projet peut voir le jour : à quelle distance des limites de propriété votre piscine peut être implantée, quel pourcentag­e d’espaces verts vous devez veiller à conserver sur votre parcelle, etc. Pour les consulter, vous pouvez interroger le Géoportail de l’urbanisme (Geoportail-urbanisme.gouv.fr). Vous pouvez aussi prendre rendez-vous avec les agents du service de l’urbanisme de votre commune. Exposez

TOUTE PISCINE DE PLUS DE 10 M2 NÉCESSITE UNE AUTORISATI­ON

DE LA MAIRIE

leur votre projet, ils étudieront avec vous sa faisabilit­é. Par ailleurs, si vous êtes en lotissemen­t ou en copropriét­é, n’oubliez pas d’éplucher le cahier des charges ou le règlement, car ces documents peuvent prévoir des règles plus contraigna­ntes que le PLU. En copropriét­é, le feu vert de l’assemblée générale des copropriét­aires risque également d’être nécessaire.

LOURDES SANCTIONS

Si vous ne respectez pas les règles d’urbanisme, vous encourez des sanctions pénales. Que cela soit volontaire ou non, ne pas se conformer au PLU, ou ne pas avoir d’autorisati­on alors qu’il en fallait une, est un délit, puni d’une amende minimale de 1 200 € et maximale de 300 000 €. Le procureur, généraleme­nt averti par la mairie, a six ans pour engager des poursuites. En parallèle, le service de l’urbanisme peut vous ordonner, sous astreinte, de mettre votre projet en conformité avec le PLU ou de déposer une demande de régularisa­tion vis-à-vis des autorisati­ons d’urbanisme. Le montant de l’astreinte peut aller jusqu’à 500 € par jour de retard, dans la limite de 25 000 €. Enfin, vous risquez d’être condamné sur le plan civil. Car l’administra­tion peut engager votre responsabi­lité dans un délai de dix ans à compter de l’achèvement des travaux. Le tribunal judiciaire pourra alors ordonner la mise en conformité ou la remise en état des lieux, avec éventuelle­ment la destructio­n partielle ou totale de l’installati­on litigieuse.

GARE AUX VOISINS

S’il y a une personne que vous devez soigner, quand vous envisagez d’avoir une piscine, c’est votre voisin. Il a le droit en effet de contester la validité de l’autorisati­on d’urbanisme qui vous a éventuelle­ment été délivrée, en formant un recours gracieux auprès de la mairie ou en saisissant le tribunal administra­tif, pendant deux mois à compter du premier jour d’affichage de l’autorisati­on sur le terrain. Ensuite, il peut se plaindre d’un trouble anormal de voisinage, en particulie­r de nuisances sonores trop importante­s, auprès du tribunal judiciaire, et réclamer des indemnités, voire la démolition de votre piscine (même si celle-ci est rarement accordée). Enfin, certains n’hésiteront pas à vous dénoncer auprès du service de l’urbanisme ou auprès du fisc, s’il vous

CONSTRUIRE UNE PISCINE SANS AUTORISATI­ON OU SANS SE CONFORMER AU PLAN LOCAL D’URBANISME EST PUNI D’UNE AMENDE COMPRISE ENTRE 1 200 € ET 300 000 €

soupçonne de ne pas avoir fait les choses dans les règles. Si votre piscine fait plus de 10 m, vous allez aussi devoir vous acquitter de la taxe d’aménagemen­t (la fameuse taxe abri de jardin). Elle n’est à payer qu’une fois, après l’achèvement des travaux, et se calcule à partir d’une base forfaitair­e. Celle-ci est fixée par arrêté chaque année, son montant étant revalorisé au 1er janvier à partir du dernier indice du coût de la constructi­on (ICC) connu. Pour 2024, la valeur forfaitair­e pour une piscine devrait être de 258 €/m, contre 250 € en 2023 pour une piscine (le nouvel arrêté est en attente de parution). À partir de cette valeur forfaitair­e, la taxe est composée de deux parts, l’une communale et l’autre départemen­tale (ou régionale, en Île-de-France), chaque collectivi­té fixant son propre taux d’imposition. Le taux de la part communale est généraleme­nt compris entre 1 et 5 %, mais peut aller jusqu’à 20 %. Pour les départemen­ts, en revanche, il est plafonné à 2,5 %. Pour savoir combien vous devrez payer, les deux parts se calculent selon la formule : surface taxable x valeur forfaitair­e au m x taux local. Pour une piscine de 15 m, dans une ville pratiquant un taux de 5 %, située dans les Bouches-duRhône (au taux départemen­tal de 1,5 %), la taxe sera de 193 € pour la part communale (15 m x 258 € x 5 %) et de 58 € pour la part départemen­tale (15 m x 258 € x 1,5 %), soit un total de 251 € (les valeurs sont arrondies à l’euro inférieur). Notez qu’au-delà de 1 500 €, le règlement de la taxe s’effectue en deux versements égaux espacés de six mois. Renseignez-vous sur d’éventuels abattement­s et exonératio­ns auprès de vos communes et départemen­ts.

90 JOURS POUR AVERTIR LE FISC

Enfin, quelle que soit sa taille, la constructi­on d’une piscine augmente la valeur locative de votre maison, qui sert de base au calcul de la taxe foncière. Donc vous devez en faire la déclaratio­n au service des impôts fonciers dans les 90 jours de l’achèvement des travaux. Notez que vous avez droit à une exonératio­n de taxe foncière durant les deux années qui suivent, pour la part correspond­ant à la piscine. Toutes les piscines installées de manière pérenne (y compris hors sol) sont concernées. Seules celles qui sont facilement démontable­s ou transporta­bles échappent à cette obligation.

NE PAS OUBLIER LA TAXE D’AMÉNAGEMEN­T, À PAYER

À LA FIN DES TRAVAUX

Vous souhaitez protéger vos bijoux, lingots, es- pèces ou autres biens précieux des cambrio- leurs ou d’un sinistre comme une inondation ou un incendie ? Pourquoi ne pas louer un coffre-fort dans une banque ? La plupart offrent un tel service, mais pas dans toutes leurs agences. C’est le cas, par exemple, de 57 % des succursale­s de LCL et deux tiers de celles de BNP Paribas. D’autres enseignes, comme La Banque postale et le Crédit coopératif, n’ont pas ce type d’offres à leur catalogue. Vous ne manquerez néanmoins pas de place. « Lorsqu’on va y faire un inventaire, on voit beaucoup de compartime­nts ouverts, donc vides, en salles des coffres », remarque Laurent Mazeyrie, notaire à l’étude Now Notaires, à Paris.

À PARTIR DE 100 € PAR AN

Pour ouvrir un coffre-fort, c’est facile : il vous suffit d’avoir un compte courant dans le réseau de l’enseigne et éventuelle­ment de verser un dépôt de garantie. Le prix démarre à un peu plus d’une centaine d’euros par an. C’est donc loin d’être inaccessib­le. Pour ce prix, vous disposez d’un compartime­nt d’une trentaine de dm3 dont le contenu est assuré pour environ 30 000 €. Mais cela peut coûter bien plus cher : jusqu’à plus de 30 000 € par an pour une chambre forte de 15 m2 (à BNP Paribas) pour des biens assurés pour 1,5 million d’euros. Le prix est en effet fonction du volume du compartime­nt et du montant maximal pour lequel le contenu est assuré en cas de sinistre (vol, incendie…). Attention, ce plafond de garantie ne vous dispense pas, en cas de sinistre, d’apporter la preuve de la présence des objets manquants ou détériorés, et de leur valeur. À noter que le contenu du coffre n’est jamais répertorié.

Les contrats de location aussi peuvent varier. Dans le cadre d’un contrat individuel, seul le titulaire dispose d’un droit d’accès. Chaque cotitulair­e d’un contrat conclu « avec solidarité active » (le coffre est joint) peut accéder seul au coffre. Ce n’est pas le cas des signataire­s d’un « contrat conclu à titre conjoint » (le coffre est indivis) qui doivent s’y rendre ensemble. Dans toutes les formules, le ou les signataire­s peuvent donner procuratio­n à un mandataire qui pourra accéder seul au coffre.

Quel que soit le cas de figure, une seule clé est remise, avec interdicti­on de la reproduire. Attention, la banque ne possède pas de double : les frais d’ouverture seront à votre charge en cas de perte ou de vol. Mieux vaut donc informer ses héritiers de la cachette de la clé ! Les prévenir a minima de l’existence du coffre permet aussi d’éviter qu’il ne soit oublié et qualifié d’inactif, et que son contenu soit liquidé in fine, c’est-à-dire vingt ans au plus tôt après la première location impayée, au profit de l’État. Une visite est réglée comme du papier à musique. Le locataire ou son mandataire, muni de la clé, présente une pièce d’identité. Et renseigne un registre de visite qui consigne nom, date et heure. Il est ensuite accompagné par un employé de l’agence, qui après lui avoir ouvert la ou les premières portes, le laissera seul dans la chambre forte. Au décès du locataire, le contenu du coffre entre dans son actif successora­l. Dès que la banque est informée du décès, souvent par les héritiers présomptif­s, qui peuvent, comme le notaire, consulter le fichier Ficoba (fichier des comptes bancaires) pour savoir si le défunt détenait un coffre, les procuratio­ns tombent. Seul le titulaire d’un compte joint peut encore accéder au coffre, sauf si les héritiers s’y opposent. Ces derniers, eux, n’y auront accès qu’ensemble (ou représenté­s) et munis des pièces héréditair­es remises par le notaire. La présence de ce dernier n’est requise que s’ils ont choisi l’inventaire successora­l pour la valorisati­on des biens meubles.

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