IL N’Y A PAS QUE LE PMU POUR PARIER SUR LES CHEVAUX
Plusieurs initiatives visent à démocratiser l’investissement dans l’hippisme. A réserver aux passionnés davantage attirés par l’aventure que par la perspective de gains.
Miser sur l’élevage de chevaux de course : c’est la proposition faite en février dernier par l’un des principaux courtiers du milieu hippique, Broadhurst. Pour l’occasion, il s’est associé à des financiers au sein de la société Pur-Sang Patrimoine. Le même mois, la star du basket Tony Parker ouvrait son haras normand, le domaine de Quétiéville, à l’investissement du public. Ces deux initiatives visent à ouvrir l’hippisme au commun des mortels. Car ce milieu assez fermé et codifié est surtout accessible à de grandes fortunes, à l’instar des frères Wertheimer, principaux actionnaires de la marque de luxe Chanel et grands amateurs de course.
Pour débuter, Pur-Sang Patrimoine propose de s’éloigner des pistes de course en achetant une ou plusieurs actions au prix de 2 000 €, non cessibles pendant trois ans, dans une société détenant des juments et des poulains, active dans l’élevage et la reproduction. La structure vise un retour sur investissement de 50 % d’ici à cinq ans sous forme de dividendes distribués aux actionnaires. Parmi les investisseurs séduits par le projet, Antoine Ferri. Fondateur d’un groupe immobilier parisien, il explique avoir été attiré par « la sensation de faire partie d’un club » et par l’opportunité de se rapprocher d’un milieu de passionnés. Quant à Tony Parker, il s’écarte encore davantage des pistes de course : il proposait en février de souscrire à des obligations, à partir de 10 €, pour financer l’extension de son haras, à travers la plate-forme de financement participatif Bricks.co. Ses objectifs de collecte d’un million d’euros ont été atteints… en moins d’une heure. S’impliquer plus près des courses reste compliqué. Hormis les très fortunés, « acheter un cheval de course se fait très souvent à plusieurs, entre amis, pour vivre une aventure », estime Guillaume Lucchini, président du cabinet de conseil Scala Patrimoine. Principales motivations : « l’émotion du jeu, l’excitation de la course et le goût du pari », en particulier pour le galop, catégorie souvent jugée la plus prestigieuse. « C’est avant tout un investissement plaisir. On n’investit pas dans les chevaux si l’on n’aime pas cela », rappelle l’expert patrimonial. Il ne faut pas s’y hasarder si l’objectif est de gagner de l’argent, car le risque demeure important et la mise de départ souvent considérable.
Pour un poulain d’un an révolu, la maison de vente aux enchères de chevaux Arqana estime, par exemple, que le prix médian d’un poulain s’élève à 25 000 €. « Mais il peut monter à 170 000 € pour les plus recherchés », remarque son dirigeant Olivier Delloye. Il faut aussi s’entourer de professionnels compétents (courtier agréé, entraîneur, éleveur…) pouvant vous accompagner et vous aider à négocier le prix.
GAINS EXONÉRÉS D’IMPÔT
Vous empocherez des profits si votre cheval finit une course dans les premières positions. L’un des prix français les mieux dotés, celui de l’Arc de Triomphe, récompense ainsi le premier arrivé de 2,875 millions d’euros, ensuite répartis entre le jockey, l’entraîneur, l’éleveur et les propriétaires. Mais les gagnants sont rares. Si ces gains de jeu sont exonérés d’impôt (pour les propriétaires non professionnels), la plus-value liée à la revente du cheval est, en revanche, imposée (régime des biens meubles).
Il faut, enfin, pouvoir assumer des frais importants au quotidien : pour loger le cheval, le nourrir, le soigner ou encore l’entraîner, ces coûts s’établissant au minimum à 1 600 € par mois en ce qui concerne les chevaux galopeurs.