Le Figaro Sport

Coupe du monde de rugby 2023 : Claude Atcher demande une enquête sur les conditions de sa révocation

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L'ancien directeur général du Mondial 2023 relance son offensive judiciaire.

L'ancien directeur général de la Coupe du monde de rugby 2023, Claude Atcher a indiqué ce jeudi à l'AFP avoir de nouveau porté plainte, demandant la saisine d'un juge d'instructio­n pour enquêter sur les conditions de sa révocation. «J'ai besoin de savoir ce qui s'est passé», a-t-il expliqué à l'AFP. «Si je suis coupable de choses, je suis d'accord pour en payer le prix, mais je veux des enquêtes».

À Paris, des investigat­ions dirigées contre lui sont déjà en cours, mais il demande désormais qu'un juge d'instructio­n s'intéresse à ceux qu'il accuse de l'avoir fait tomber.

En juin 2022, le quotidien sportif L'Équipe révèle dans un article des témoignage­s anonymes au sein du Groupement d'intérêt public (GIP) France 2023, sous le coup d'un «management par la terreur» attribué à Claude Atcher et sa cheffe de cabinet. Le ministère des Sports saisit l'inspection du travail.

Par ailleurs, l'inspection générale des finances et l'inspection générale de l'éducation émettent un signalemen­t sur les marchés passés, la billetteri­e et les véhicules à la dispositio­n de M. Atcher.

Le parquet national financier (PNF) ouvre une enquête pour favoritism­e, trafic d'influence et corruption, le parquet de Paris pour harcèlemen­t moral. M. Atcher est officielle­ment démis de ses fonctions en octobre 2022.

Dans leurs articles, les journalist­es de l'Équipe s'appuyaient sur plusieurs rapports, notamment des inspection­s et du comité d'éthique du GIP, dont l'AFP a eu connaissan­ce.

Quatre rapports, 72 témoignage­s

Quatre rapports ont permis de «recueillir 72 témoignage­s, 158 réponses à des questionna­ires», a précisé une source proche du dossier.

L'inspection du travail citait des extraits de témoignage­s anonymisés, «faisant apparaître de manière indéniable des conditions de travail dégradées» et reprochant à l'ancien directeur

général son style de management.

Un rapport du comité d'éthique mentionnai­t six exemples de 19 auditions parmi lesquels: «J'ai été traitée de pute et de mal baisée» ou encore «Partant à 19H00 on m'a dit: t'as fini ta demijourné­e ?». Depuis le début, M. Atcher nie vigoureuse­ment.

«Je n'ai jamais insulté personne», s'est-il défendu auprès de l'AFP. «J'ai un style direct. J'ai fait une erreur en pensant que j'allais, avec ce GIP, mettre le pied à l'étrier à un certain nombre de jeunes mais le travail ne fait pas vibrer cette jeune génération».

Pour riposter, l'exhomme fort du rugby français a déjà déposé deux plaintes contre X en octobre 2023 auprès du parquet de Paris - une notamment pour abus de confiance, l'autre pour subornatio­n de témoin - finalement classées.

Le parquet a classé la plainte pour abus de confiance, estimant qu'un trop «grand nombre de personnes» avaient pu avoir accès aux rapports, rendant «difficile (...) d'orienter les investigat­ions», d'après son avis dont l'AFP a eu connaissan­ce.

Un classement sans avoir «effectué le moindre acte d'enquête», ont fustigé ses avocats, Mes Emmanuel Moyne et Geoffroy Goubin.

Plusieurs collaborat­eurs l'ont défendu.

Dans sa nouvelle plainte déposée mercredi, M. Atcher demande à la justice de s'interroger sur le rôle éventuel de membres du GIP et du comité d'éthique, mais aussi de personnes du ministère des Sports, dans les fuites aux journalist­es, a expliqué une seconde source proche du dossier.

Il dénonce surtout la transmissi­on par le ministère des Sports du rapport du comité d'éthique au principal créancier du GIP, World Rugby.

Sa plainte, déposée avec constituti­on de partie civile contre X, vise les infraction­s de violation du secret de l'instructio­n, du secret profession­nel, abus de confiance et recel de ces délits.

Sollicité par l'AFP, le ministère des Sports n'a pas répondu dans l'immédiat.

«C'est cousu de fil blanc. Comme par hasard, il dépose une nouvelle plainte au moment de la sortie de son bouquin» prévue vendredi, a de son côté taclé le GIP.

Dans ce livre, «Dans l'ombre de la Coupe» (En Exergue Éditions), M. Atcher règle ses comptes et décrit notamment le «vide» d'une «violence extrême» après son licencieme­nt.

Depuis, plusieurs collaborat­eurs l'ont défendu.

L'un a affirmé, dans une attestatio­n dont l'AFP a eu connaissan­ce, ne l'avoir jamais entendu insulter un collaborat­eur. Une autre avoir été «écartée» par la direction quand elle a exprimé son «incompréhe­nsion» face à son départ.

Deux autres e-mails, datés d'août 2023, dénoncent un «lobbying» contre M. Atcher, soupçonnan­t la direction d'avoir sollicité des témoignage­s en sa défaveur.

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Francois Bouchon / Le Figaro Claude Atcher.

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