Le Figaro Sport

Les Bleus ont été mauvais, et si c'était une bonne nouvelle ?

- Baptiste Desprez

HUMEUR - Giflée par l'Allemagne et laborieuse face au Chili en mars, l'équipe de France devra faire beaucoup plus à l'Euro cet été.

Le confort n'a jamais été un bon compagnon de route pour le sport français. Le football et sa sélection aux deux étoiles n'y échappent pas. Quand ils se présentero­nt le 17 juin prochain à Düsseldorf pour défier l'Autriche en ouverture de l'Euro, les Bleus garderont à l'esprit ce rassemblem­ent de mars. Le bilan global est largement déficitair­e. Pour rester poli.

Une claque contre l'Allemagne (0-2) et un match plus que laborieux face au Chili (3-2), quasiment aucune certitude, des leaders décevants et une expression collective proche du néant. Sacré tableau. Ce qui fait la force de cette sélection : l'état d'esprit, un refus de la défaite, le goût de l'effort sont autant d'ingrédient­s que l'on n'a pas vus pendant dix jours. Et au final, sans cela, les vice-champions du monde ne valent pas grandchose. Comme les autres nations.

«En juin, il faudra faire beaucoup plus», consent Didier Deschamps, qui a refusé d'accabler ses troupes, trop soucieuses de penser à leur prochain match en club, en coupe d'Europe ou leur avenir personnel. Mais le patron des Bleus n'a pas aimé ce qu'il a vu. C'est un euphémisme. Sur des amicaux dans une période bancale, ça passe. En juin, ce sera une tout autre histoire. Une chose est certaine, avec ces deux prestation­s catastroph­iques en termes de production, l'équipe de France ne pourra pas se présenter en bombant le torse à l'Euro. Ce serait une faute profession­nelle.

Que doit-on retenir de ces deux bouillies de football ? Que l'équipe de France est orpheline d'Antoine Griezmann, son cerveau. Que sans le meilleur passeur de l'histoire de la sélection, cette équipe manque de créativité et d'inspiratio­n. Que les leaders Kylian Mbappé et Aurélien Tchouaméni étaient à côté de leurs pompes à Lyon et Marseille. Que dès qu'elle ne met plus les ingrédient­s de base qui ont fait sa force et que ses individual­ités passent à travers, cette équipe n'a pas de plan B. Contre l'Allemagne et même en début de match face au Chili, les Bleus se sont fait balader sur le terrain. L'Autriche, les Pays-Bas et dans une moindre mesure la Pologne à l'Euro pourraient avoir la bonne idée d'en faire de même cet été.

Au final, il n'y a rien d'alarmant -encore que l'expression collective laisse pantois- et prendre une soufflante en mars ne peut qu'être une bonne chose en vue du grand rendez-vous estival. Cette équipe de France est monstrueus­e lors des tournois internatio­naux et vous ne faites pas trois finales sur les quatre dernières possibles (Euro 2016, Coupe du monde 2018, Coupe du monde 2022) uniquement parce que les autres nations se plantent. Deschamps, qui lui aussi a un peu raté son rassemblem­ent en ne tentant rien sur le plan tactique en l'absence de Griezmann, n'est jamais aussi fort quand il doit former un groupe et faire vivre une équipe pour une opération commando. Il reste un mois et demi avant la liste. Moins de trois avant l'Euro.

Rappelez-vous l'Euro 2021, et cette éliminatio­n pathétique contre la Suisse en 8e de finale. Les Bleus avaient débarqué avec une ligne d'attaque Mbappé-Benzema-Griezmann, des stars à tous les postes et une étiquette de favori bien affichée. Le titre leur tendait déjà les bras. Ce fut un fiasco. Le bienfait de s'être raté contre l'Allemagne -qui aura battu la France deux fois en six mois- et moyennemen­t débrouillé face au Chili, incite à la mesure et à la prudence. Deux qualités indispensa­bles pour gravir les sommets. À méditer d'ici l'Euro.

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AFP / CHRISTOPHE SIMON Le bilan global de ce rassemblem­ent est largement déficitair­e. Pour rester poli.

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