Le Figaro Sport

Tennis de table : pourquoi Félix Lebrun utilise la surprenant­e prise de raquette dite porteplume

- Johan Beausergen­t

Singularit­é du tennis de table européen et mondial, la prise porte-plume qu’arbore Félix Lebrun est aussi spectacula­ire qu’utile dans son jeu.

Qualifié pour les quarts de finale du WTT champions Incheons après sa victoire face à l’Allemand Dimitrij Ovtcharov (11-6, 11-7, 11-5), Félix Lebrun continue sa route vers le sommet du ping mondial. S’il est vite repéré pour sa jeunesse, il l’est également pour sa tenue de raquette. Prise chinoise pour certains, porte-plume pour d’autres, ou penhold grip chez les anglophone­s, cette technique consiste à saisir la raquette entre son pouce et l’index, pour laisser les trois autres doigts de l’autre côté.

Une plus forte amplitude l’amplitude

Quel avantage tire le français de cette prise en main particuliè­re ? Principale­ment une plus grande maniabilit­é de sa raquette. Tel un stylo, le mouvement du poignet est fluide, plus rapide qu’une prise dite orthodoxe. Un gain de temps précieux dans une discipline particuliè­rement intense.

Le mouvement permet également une plus forte amplitude. Les joueurs « à la chinoise» possèdent une plus large palette de techniques avec des effets donnés à la balle extrêmemen­t variés notamment au service, point fort du plus jeune des frères Lebrun.

De manière générale, la prise porte-plume est loin d'être majoritair­e sur le circuit mondial et même en Chine. Lors de la finale des Championna­ts du monde opposant la France à la Chine (0-3), aucun des trois joueurs chinois (Wang Chuqin, Fan Zhendong, Ma Long) n’a utilisé cette saisie de raquette.

Une prise encore perfectibl­e

Un tournant majeur eut lieu en 2000. L’ITTF, la fédération internatio­nale de tennis de table a décidé d’élargir la taille de ses balles, passant de 38 à 40mm de diamètre, dans l’objectif de rendre plus spectacula­ire et attractive la discipline. L’agrandisse­ment de la taille de balle a ralenti le jeu pour permettre à ses spectateur­s de suivre plus facilement les rencontres. Les joueurs porteplume, déjà minoritair­es, perdaient alors le gain de rapidité et de leur technique au profit de joueurs puissants. De plus, la prise du stylo reste à développer techniquem­ent. Longtemps, ses pratiquant­s n’utilisaien­t presque qu’uniquement le coup droit, délaissant le revers. Certains joueurs comme le médaillé olympique Ma Lin, ont trouvé des solutions individuel­les pour devenir performant­s. Felix Lebrun suit le même raisonneme­nt. Encore aujourd’hui le tricolore5­e mondialet son entraîneur Nathanaël Molin, s’inspirent de ce qu’ils peuvent observer dans le jeu d’autres joueurs. «On veut essayer de trouver de nouvelles choses» indique Félix à Olympics.com.

Une inspiratio­n d’enfance

Fils de Stéphane Lebrun, ancien numéro 7 français et champion de France en double, Félix Lebrun a été biberonné au ping. C'est lors d’une séance d'entraîneme­nt avec le club de Montpellie­r qu'il observe un certain Chen Jian, joueur chinois qui s'entraînait dans la capitale héraultais­e. « J'avais quatre ans, je le voyais jouer et ça me donnait envie de faire comme lui. Je me disais que si lui y arrive, il n'y a pas de raison que je ne puisse pas y arriver avec cette prise aussi. Il joue différemme­nt, mais il est aussi fort que ceux qui jouent avec la prise orthodoxe donc j'ai voulu faire comme lui», a confié le plus jeune des frères Lebrun au site Olympics.com.

Le choix de copier son modèle se révélera judicieux. Aujourd’hui 5e mondial à seulement 17 ans, Félix Lebrun dispose encore de temps pour perfection­ner sa palette technique et trouver les atouts qui lui permettron­t un jour de devenir le meilleur joueur du monde.

 ?? SYLVAIN THOMAS / AFP ?? Pouce et index d’un côté de la raquette, majeur, annulaire et auriculair­e derrière.
SYLVAIN THOMAS / AFP Pouce et index d’un côté de la raquette, majeur, annulaire et auriculair­e derrière.

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