PSG : Kylian Mbappé, la revanche ou la porte
DÉCRYPTAGE - Auteur d’une performance insipide à l’aller, l’attaquant parisien est attendu
au tournant à Barcelone.
«Quand tu vois mes dernières performances, tu vois un gars perturbé?», demandait, en confé‐ rence de presse, un Kylian Mbappé rigolard lors du rassem‐ blement de mars avec les Bleus. À l’époque, la réponse était en‐ core négative. Aujourd’hui, c’est une autre histoire… Surtout après la prestation insipide de l’ancien Monégasque face au Barça (2-3), en quarts de finale aller de Ligue des champions. Défaite qui condamne le PSG à l’exploit ce mardi (21h), au stade olympique de Monjuic.
Et encore, les performances de l’intéressé n’ont globalement pas été impressionnantes en termes de contenu depuis le début de la sai‐ son. Les statistiques, si: 39buts et 9passes décisives en 41matchs. Il n’y a guère que Harry Kane (Bayern) qui s’est montré plus dé‐ cisif que lui dans les cinq grands championnats européens (39buts, 12passes). «Malgré tout ce qui s’est passé ces dernières se‐ maines, j’ai été performant dans les matchs qui comptent, et mon objectif est d’être performant dans les matchs qui comptent», avait ajouté le taulier de l’équipe de France, qui reste sur plusieurs prestations moyennes, en Bleu avec le PSG, comme à Marseille (victoire 2-0) par exemple.
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Luis Enrique ne prend plus de gants
Taulier, un statut qu’il n’a plus au PSG, où Luis Enrique le traite comme un joueur lambda. Et en‐ core plus depuis que l’intéressé a annoncé son départ à la fin de la saison et de son contrat en in‐ terne, le 13 février dernier. Avant cela, le coach espagnol avait déjà pris certaines libertés avec Mbappé, le faisant notamment évoluer dans l’axe. Pas sa tasse de thé, on le sait, mais «KM» n’a pas moufté. «Qu’il veuille que je joue à gauche, dans l’axe ou à droite, je vais jouer, et je pense que je n’aurai pas de problème à être performant», disait-il en janvier, pour arrondir les angles. Para‐ doxalement, ce n’est qu’après l’annonce de son départ qu’il a eu le droit de rejouer à gauche, son jardin.
Du moins, quand Luis Enrique décidait de le faire jouer. Toujours
aligné pendant 90minutes depuis le début de saison, sauf raison médicale, Mbappé n’a fait qu’un match complet en championnat depuis qu’il a fait part de sa déci‐ sion à Nasser al-Khelaïfi, puis à ses coéquipiers. Luis Enrique a toutefois continué à s’appuyer sur lui pendant 90minutes en Coupe de France (Nice, Rennes) et en C1 (les deux matchs face à la Real Sociedad, Barcelone), les matchs qui comptent, les matchs coupe‐ rets. «Tôt ou tard, il faudra ap‐ prendre à jouer sans lui», a justi‐ fié Luis Enrique dans un premier temps, avant de convenir qu’il faut «en profiter tant qu’il est là» et même de laisser entendre que «Mbappé peut encore changer d’opinion sur son avenir ». Tout et n’importe quoi, à l’image de cette sortie lunaire à San Sebas‐ tian, lorsque l’ancien sélection‐ neur espagnol avait fait semblant de ne pas comprendre une ques‐ tion au sujet de son attaquant de 25ans, avant de lâcher qu’il le fe‐ rait jouer ou non en fonction… de la météo.
Une com’ aussi surréaliste que sa gestion du dossier Mbappé. En termes de management global, Luis Enrique mérite les éloges. Pour ce cas précis, son approche est plus mystérieuse… «Il n’y a aucun problème avec lui (Luis Enrique). J’ai bien des pro‐ blèmes, mais le coach n’en est pas un», glissait le champion du monde 2018 après son doublé sur le terrain de la Real Sociedad (12), en 8es de finale retour. On n’est pas obligé de le croire. D’ailleurs, son entourage s’in‐ quiète de cette gestion à tout le moins étonnante, imaginant que Luis Enrique est en train de perdre son joueur.
On pensait Mbappé indestruc‐ tible, totalement imperméable à toute forme de pression, de bruit, de parasitage. Cette fois, il a peutêtre plus de mal à rester insen‐ sible, lui qui vit ses derniers mois, ses dernières semaines à Paris avant de rejoindre, très probable‐ ment, le Real Madrid. Surtout que Luis Enrique n’a, c’est clair, pas construit le jeu de son équipe au‐ tour de lui, comme Didier Des‐ champs peut le faire en équipe de France. Encore plus dur de briller dans ces conditions. Et le natif de Paris ne doit pas compter sur la direction pour voler à son se‐ cours, au contraire.
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S’il est question du match contre le Barça, la semaine pas‐ sée, il convient de souligner que le plan anti-Mbappé de Xavi a parfaitement fonctionné, avec Jules Koundé toujours épaulé de l’un de ses coéquipiers face à lui, souvent Ronald Araujo ou Sergi Roberto. Cela n’explique pas tout. Trois tirs dont aucun cadré, trois‐ duels gagnés sur 12, undribble réussi sur quatre, 12 ballons per‐ dus sur 44joués, trois fois horsjeu… Le tout sans parler de l’atti‐ tude, cette désagréable impression de déconnexion. On constatera tout de même que c’est lui qui crée le décalage au départ de l’ac‐ tion qui a amené le but d’Ous‐ mane Dembélé. «S’il était moins précis, c’est peut-être que les bal‐ lons ne sont pas arrivés dans le bon timing. Il y a beaucoup de choses», déclarait avec mansué‐ tude le nouveau recordman des matchs joués en Rouge et Bleu, Marquinhos. Il y a en effet beau‐ coup de choses, mais l’heure n’est plus aux excuses.
Mardi soir, il sera temps de faire les comptes, après ce qui pourrait être le dernier match eu‐ ropéen de Mbappé avec le PSG. À noter que Erling Haaland (City) et Jude Bellingham (Real) n’ont pas plus brillé que le Français avec leur club respectif, en quarts de finale aller de «Champions». Ce qui invite Carlo Ancelotti à la prudence: «Il faut être un peu plus calme parce que la vérité est que ces grandes stars n’ont peut-être pas évolué à leur niveau maximal lors des premiers matchs, mais il y en a un autre. Il faut s’en méfier. Attention à Haaland, Mbappé et Bellingham», glisse le coach ma‐ drilène, qui aura très certainement deux de ces trois joueurs sous ses ordres la saison prochaine.
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Au bon souvenir de 2021
Bonne nouvelle? Kylian Mbappé n’est jamais aussi fort qu’en dé‐ placement en Ligue des cham‐ pions… même s’il a attendu le match d’Anoeta en 8es pour mar‐ quer ses premiers buts à l’exté‐ rieur cette saison. En comptant la campagne 2016-2017 avec Mo‐ naco, il a inscrit 25 de ses 46buts en C1 loin de Louis-II et du Parc des Princes! Sur les matches à éli‐ mination directe, c’est encore plus parlant : 13 buts en 11 matches à l’extérieur en C1 dans cette confi‐ guration. Seuls Cristiano Ronaldo (23) et Karim Benzema (14) ont fait mieux... Le natif de Paris, meilleur attaquant du monde? Peut-être. Meilleur contre-atta‐ quant de la planète, c’est sûr.
À voir dans quelle mesure Xavi et les Barcelonais seront ten‐ tés de jouer haut face à Paris ce mardi, ce qui aurait pour consé‐ quence d’offrir davantage d’es‐ pace à «KM». C’est ce qui s’était passé en 2021, quand Mbappé s’était fendu d’un triplé au Camp Nou (victoire 4-1). Devant leur public, les Catalans auront certai‐ nement envie de montrer plus de maîtrise qu’au Parc des Princes. En même temps, ils ont un but d’avance. C’est à Paris de prendre des risques. «Nous sommes une équipe qui ne spécule pas, on ne connait pas ce mot, on est per‐ suadé qu'on va renverser la situa‐ tion», assène Luis Enrique.
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Une chose est sûre: Kylian Mbappé sera attendu au tournant, une fois de plus, comme toujours en fait. On ne peut pas croire qu’il terminera son aventure euro‐ péenne à Paris sur une perfor‐ mance semblable à celle de mer‐ credi dernier, en sourdine donc. On peut imaginer sans risque de se tromper qu’il sera revanchard en repensant à son match aller et aux commentaires qui ont suivi. «Je le sens très bien, très motivé, comme toute l'équipe», jure son copain Achraf Hakimi. «Je ne vais pas me cacher», disait l’inté‐ ressé avant le match aller. Il est temps de sortir du bois.
Reste à savoir s’il aura les moyens d’assumer ses ambitions, ou si on lui donnera les moyens de le faire pour être précis. Peutêtre aussi que le ver est déjà dans le fruit, que son mental est trop entamé, sa confiance, son ego. Ou peut-être qu’il fera taire les cri‐ tiques, les doutes, les polémiques avec une nouvelle master class, comme à Dortmund, Munich, Barcelone, Manchester, Madrid ou encore Turin par le passé. Il en est capable. Réponse ce mardi soir.