Le Figaro Sport

Masters d'Augusta: «Une très bonne semaine», l’apprentiss­age accéléré de Matthieu Pavon

- Romain Schneider

Le numéro un français a réussi ses premiers pas sur le my‐ thique Majeur en prenant la 12e place finale, meilleur résultat d'un Français à Augusta.

De notre envoyé spécial à Au‐ gusta (Géorgie, États-Unis),

Matthieu Pavon n’en finit pas de marquer l'histoire du golf fran‐ çais masculin ces derniers mois. En faisant mieux, pour une petite place que son ami et mentor Tho‐ mas Levet 13e en 2005, la nou‐ velle étoile du golf tricolore mas‐ culin s’est assurée de revenir l’an‐ née prochaine en Géorgie. Il avait débuté son dimanche à la 16e place, à +1 et a achevé sa semaine par une carte dans le par et bouclé ses quatre tours avec un total de +1 dans le top 12. Dans l'idéal, il aurait aimé terminer sous le par, enquillé plus de putts et encore mieux négocier les pars 5 pour jouer les tous premiers rôles. «C'est une bonne place mais j'au‐ rais aimé finir sous le par aujour‐ d'hui. Je pense que j'avais le jeu pour. Ce n'est pas passé loin mais ça reste une très bonne semaine».

Si le Frenchy a ainsi défié le mythe en «version plus dure» que son rêve d'enfant, confiait-il à l'is‐ sue du 2e tour disputé sous les in‐ cessantes rafales et des greens très rapides, il a pu enfin jouer lors du dernier tour le parcours dans des conditions idéales, avec le soleil mais sans le vent qui a fait tourner la tête des cadors durant trois tours. Augusta restant Augusta, le Bordelais n'a pas réussi à battre le parcours dimanche mais le bilan reste très positif. Et le baptême réussi. «Tu te rends vraiment compte en jouant le parcours de la difficulté de ces greens. C'est très piégeux. On a du mal à voir certains breaks. Cela va très vite. Il y a des endroits où il faut éviter de se retrouver. Des chips sont parfois plus intéressan­ts à jouer que des putts. Cette exigence qu'il faut avoir ici au petit jeu est vrai‐ ment impression­nante. Je n'ai ja‐ mais joué quelque chose comme ça pour l'instant.»

Dans ce contexte plus sélectif que jamais, il avait réussi son pre‐ mier examen de passage. Après Jean Van de Velde (2000), Tho‐ mas Levet (2005), Romain Lan‐ gasque (2016), Victor Dubuisson (2016) et Victor Perez (2020), il avait été seulement le sixième joueur tricolore à franchir le cut à Augusta et s'était imposé comme le mieux placé après deux tours (8e). «C'était un objectif cette sai‐ son : passer un cut en Majeur car j'avais un peu galéré sur les autres. Je n'avais franchi qu'un seul cut sur 4 à l'US Open 2018 (il avait terminé 25e). Ça me te‐ nait à coeur de le faire sur un par‐ cours si exigeant et dans ces conditions difficiles», a-t-il dé‐ claré.

Le départ du 1, il y avait for‐ cément beaucoup pensé ces der‐ niers mois. Et c'est logiquemen­t un peu stressé qu'il avait fait ses premiers pas jeudi : «J'ai ressenti beaucoup de pression. C'est une première à Augusta donc on ne peut pas s'attendre à ne taper que des bons coups. D'autant plus quand c'est le départ du 1 ». Il n'oubliera pas l'Amen Corner (trous 11, 12 et 13) : «Quand tu arrives sur le départ du 11, c'est un sentiment exceptionn­el». Après son marathon de vendredi et ses 22 trous disputés (son premier

tour avait été interrompu jeudi en raison de l'obscurité), il a glissé les yeux brillants : «Il y a telle‐ ment une ambiance de dingue et tellement de trous demandant une telle exigence sur la qualité de la frappe que l'adrénaline te porte durant tout le parcours.»

Entouré par sa famille au complet et par son impression­nant staff (physio, coachs, préparateu­r mental..) qui l'ont suivi à la trace derrière les cordes, bien accompa‐ gné par son caddey l'expériment­é Mark Sherwood, il a fait preuve de maîtrise pour son baptême sur l'impitoyabl­e parcours. Lors du 2e tour, il est même apparu en haut du leaderboar­d, quand il pointait à -4 à la 4e place provisoire. Sur des greens plus diabolique­s que jamais, il y a eu bien sur quelques ratés (deux fois trois putts sur le trou 7 par exemple). «J'ai eu plu‐ tôt une bonne attitude ces sept derniers mois. J'essaie de me tem‐ pérer, de ne laisser rien transpa‐ raître. Il y a eu pas mal d'agace‐ ments aujourd'hui (dimanche), mais c'est juste ce parcours qui ne laisse aucun répit. Même en ta‐ pant des très bons coups comme au 13 et au 15, je me retrouve deux fois derrière le green, pour pas grand-chose. Et je joue deux fois ensuite avec des situations qui sont très difficiles à gérer et où je m'en sors in-extremis. C'est un parcours où il faut gérer sa frustratio­n.» Mais face au monstre géorgien, beaucoup de premières fois se sont transformé­s en cauchemar. Il faut dire que le Bordelais de 31 ans a pu avancer avec quelques certitudes. En triomphant à Torrey Pines fin jan‐ vier, il a signé le plus grand ex‐ ploit du golf tricolore masculin moderne. Propulsé dans la cour des grands, il s'est notamment ou‐ vert la porte du tournoi le plus sé‐ lectif de la planète. Assuré de re‐ venir en Géorgie en 2025, il peut voir grand. Avec cette fois la veste verte dans le viseur ?

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Eloisa Lopez / REUTERS Matthieu Pavon au Masters d’Augusta, le 14 avril.

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