Le Figaro Sport

Masters d'Augusta 2024 : le patron Scottie Scheffler reprend la veste verte à Jon Rahm

- Romain Schneider

Impression­nant de maîtrise di‐ manche, l'Américain (-11 total) a remporté son deuxième Mas‐ ters en trois ans. Le numéro un mondial devance le rookie Lud‐ vig Aberg (-7) et un trio à -4. Très solide, Matthieu Pavon s'offre une très belle place de 12e ex-aequo, devenant le Fran‐ çais le mieux classé de l'histoire à Augusta.

De notre envoyé spécial à Au‐ gusta (Géorgie, États-Unis),

Who else ? (qui d'autre?) Grand favori de cette 88e édi‐ tion, Scottie Scheffler a fait res‐ pecter son rang de patron incon‐ testé du golf mondial. Avec cette deuxième veste verte en deux ans, le numéro 1 mondial devient à 27 ans le 4e plus jeune double vain‐ queur à Augusta derrière Jack Ni‐ cklaus, Tiger Woods et Seve Bal‐ lesteros. Le tout après cinq parti‐ cipations seulement. Il s’impose comme le seul joueur à avoir glané son deuxième Masters en 5 tentatives depuis un certain Hor‐ lon Smith… en 1934 et 36.

Après un samedi de folie, où les leaders ses sont succédé, le suspense a été moins insoutenab­le dimanche. Si les neuf premiers trous ont été indécis et ont laissé présager un final d'anthologie, les poursuivan­ts du patron se sont sa‐ bordés les uns après les autres. Malgré un vent absent, les meilleurs joueurs du monde ont encore souffert dimanche sur des greens plus rapides que jamais. Seuls huit d'entre eux terminent leur quatre tours sous le par… Le lauréat de l'édition 2022 a entamé sa quête d'une deuxième verte avec un coup d'avance sur Collin Morikawa et deux sur Max Homa. Homa, qui n'avait pas en‐ quillé un seul birdie durant 33 trous, est revenu à une longueur d'un Scheffler, un peu emprunté en début de partie, après un birdie au 2 (par 5). Puis le tournoi a compté, un temps, quatre leaders à -7 (Homa, Scheffler, Morikawa et Aberg) après un nouveau birdie d'Homa sur le 8. Mais au trou 9, Scheffler a su faire une première différence avec une approche bi‐ jou qui a frôlé l'eagle. Un tour‐ nant. Car ses poursuivan­ts se sont ensuite cassé les dents sur l'Amen Coner.

L'Amen Corner fatal aux poursuivan­ts de Scheffler

Les trous 11, 12 et 13 n'ont ainsi pas failli à leur réputation et ont balayé les illusions des préten‐ dants à la veste verte. Co-leader au trou 8 à -7, Collin Morikawa a d'abord commis un double bogey sur le 9 avec deux sorties de sable, avant de trouver l'eau sur le 11 et inscrire un nouveau double. Sur ce même trou 11, Ludvig Aberg qui a longtemps chassé Scheffler, a également envoyé sa balle dans l'eau, avant de signer un double bogey qui l'a freiné dans son élan. C'est sur le 12 que Max Homa (double bogey à son tour) a tiré un trait sur ses rêves de veste verte. Scheffler n’en de‐ mandait pas tant. Il a assommé un peu plus la concurrenc­e avec deux birdies consécutif­s sur les trous 13 et 14 et a parachevé son nou‐ veau triomphe avec un autre bir‐ die sur le 16, son troisième en quatre trous. L'ogre du golf mon‐ dial, qui remporte son troisième tournoi cette saison en neuf épreuves, a signé un doublé en mars (Arnold Palmer Invitation­al et Players Championsh­ip) et a pris la 2e place à Houston au Texas Open. Il a notamment enchaîné 28 tours sous le par, un record sur le circuit américain depuis 1983. Monstrueux. L'insatiable devance de quatre coups l'épatant joueur suédois Ludvig Aberg et de sept un trio composé de Tommy Fleet‐ wood, Max Homa et Collin Mori‐ kawa.

Ludvig Aberg a marqué les esprits

Profession­nel depuis moins d'un an, le Suédois de 24 ans, n'en finit pas d'épater par sa précocité. In‐ vité à disputer la Ryder Cup avec l'équipe européenne en septembre dernier, alors même qu'il n'avait jamais disputé le moindre tournoi du Grand Chelem, le rookie s'est comporté en vieux routier cette semaine à Augusta pour son pre‐ mier Majeur. Il est entré dans l'histoire en 2023 en devenant le premier joueur à accéder directe‐ ment au PGA Tour après son cur‐ sus universita­ire. Il ne lui a fallu que 75 jours pour remporter son premier titre pro, lors de l'Omega European Masters 2023 à Cranssur-Sierre GC en Suisse. En jeune homme très pressé, le 9e mondial aurait pu aussi devenir le premier rookie depuis Fuzzi Zoeller en 1979 à s'imposer à Augusta. Après son couac du 11 (double), le Suédois n’a pas perdu son sou‐ rire : «Après le double bogey du 11, je me suis accroché et cela s'est finalement bien passé. Finir ainsi au Masters est un rêve qui devient réalité. Jouer ici a été un tel privilège, et je suis très fier de moi, de l'équipe et de tout le tra‐ vail que nous faisons. Être dans cette situation, ressentir les nerfs et ressentir la pression sur les deux derniers trous, c'est ce dont vous rêvez. C'est ce que je voulais faire depuis si longtemps, et c'est assez surréalist­e d'avoir l'oppor‐ tunité d'en faire l'expérience. » Il a impression­né le monde du golf par ses coups de longs fers pour chercher les mâts, il n’a commis aucun trois-putts en quatre tours et a fait preuve de beaucoup d’in‐ telligence tactique. On n’a pas fini de parler d’Aberg.

Pavon meilleur Bleu à Au‐ gusta

Sil n'a pas battu le parcours sur quatre tours (+1 total), l'un de ses objectifs, l'incontesta­ble leader du golf français masculin Matthieu Pavon a fait finalement encore mieux que Thomas Levet , 13e en 2005. Douzième, il valide directe‐ ment son ticket pour l'an pro‐ chain. Le numéro un français confirme au passage qu'il est à sa place parmi les tous meilleurs. «C'est une bonne place mais j'au‐ rais aimé finir sous le par aujour‐ d'hui, a-t-il soufflé. Je pense que j'avais le jeu pour. Ce n'est pas passé loin mais ça reste une très bonne semaine » Le rookie n'a pas fait de complexes mais a éga‐ lement beaucoup appris : « Tu te rends vraiment compte en jouant le parcours de la difficulté de ces greens. C'est très piégeux. Il y a des endroits où il faut éviter de se retrouver. Des chips sont parfois plus intéressan­ts à jouer que des putts. Cette exigence qu'il faut avoir ici au petit jeu est vraiment impression­nante. Je n'ai jamais joué quelque chose comme ça pour l'instant (…) C'est un par‐ cours où il faut gérer sa frustra‐ tion. Peut-être qu'il faudra encore plus travailler la prochaine fois pour venir espérer faire mieux. »

Tiger Woods, dernier des rescapés du cut, Rahm hors sujet

Un week-end en enfer pour l'exmaître des lieux. Auteur de sa pire carte à Augusta la veille (82, +11), Tiger Woods a, à peine, re‐ levé la tête dimanche (+5) pour son 100e tour du Masters Il boucle ainsi sa semaine en… +16. Une évidence. L'icône du golf a souffert le martyr dans la chaleur d'Augusta, en grimaçant souvent et en boîtillant un peu. Sorti sous les ovations d'un public toujours aussi fervent, nostalgiqu­e de ses grandes années, Woods peut au moins se satisfaire d'avoir pu aller au bout du tournoi. Une victoire en soi pour ce corps meurtri. Un an après avoir abandonné à l'issue du 3e tour en raison d'une bles‐ sure à la cheville et deux mois après avoir jeté l'éponge lors de son 2e tour sur le PGA Tour au Genesis Invitation­alen raison d'un virus. « C'était une bonne se‐ maine dans l'ensemble. C'est la première fois depuis longtemps que je joue un tournoi complet (depuis décembre 2023) s'est-il félicité toutefois. Je me suis bien battu jeudi et vendredi. Mais, malheureus­ement, hier, les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais. » Il l'a assuré aux médias. Il disputera les trois pro‐ chains tournois Majeurs, à Val‐ halla (USPGA), à Pinehurst (US Open, en juin) et à Troon (The Open, en juillet). Peut-être plus. Mystère : « Je vais continuer à soulever des poids, à faire bouger le corps, à devenir plus fort. J'es‐ père que les séances d'entraîne‐ ment continuero­nt à s'allonger ».

Si le week-end de Woods a été un long chemin de croix, celui du tenant du titre Jon Rahm s'est éga‐ lement apparenté à un long cal‐ vaire. Le Basque jouant quatre tours au-dessus du par pour finir par un piteux +9. Le tenant du titre, devenu sportif le plus riche du monde depuis son transfert controvers­é sur le LIV, a commis notamment huit trois putts durant ses quatre tours. Rédhibitoi­re.

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Mike Segar / REUTERS Deuxième succès en trois ans pour Scheffler à Augusta.

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