Les grandes questions à 100 jours des JO
Le Comité d’organisation aborde avec sérénité les derniers chapitres d’une longue histoire.
Des photos d’athlètes habillent les couloirs du métro parisien, des statues de sportifs s’invitent devant le Palais Brongniart, les expositions culturelles ou les opérations commerciales attirent l’oeil et rappellent l’imminence des Jeux (26 juillet11 août), qui doucement s’installent. Paris n’est pas encore aux couleurs de l’événement, la décoration reste discrète sur les immeubles, les monuments et le mobilier urbain, mais la Ville Lumière a vu d’un oeil curieux se poser les premières tribunes temporaires sur la place de la Concorde ou près de la tour Eiffel (où trôneront les anneaux olympiques), comme à Versailles. Entre les polémiques attachées à la cérémonie d’ouverture ou à la qualité de l’eau de la Seine, les menaces de grève, les enquêtes, les plaintes et les critiques, les inaugurations de sites créés ou rénovés ont ouvert des parenthèses. Pour célébrer le savoir-faire français (Arena porte de la Chapelle, Village olympique, Centre aquatique olympique, stade Yves-du-Manoir, Marina à Marseille, Village des médias à Dugny…). Et rythmer la vie d’un projet qui a, comme au premier jour, en tête de «marier le meilleur du patrimoine avec les émotions du sport».
Où en sont les installations?
Vingt-deux sites sont actuellement en chantier. 170.000 m2 de tentes et de bungalows et 200.000 places de tribunes temporaires sont à déployer. Avec un oeil bloqué sur la montre d’un temps impossible à retenir. À l’heure où, avec l’allumage de la flamme à Olympie et le
J - 100, tout va s’accélérer. «C’est un moment particulier. On s’approche de l’objectif. Avec toujours autant d’envie et de détermination. Cela fait cent ans qu’on attend les Jeux, il nous reste 100 jours pour les réussir. On a hâte de se lancer dans la dernière ligne droite. C’est un peu les Jeux avant les Jeux, ces jours qui vont permettre de finaliser les préparatifs pour accueillir les athlètes et les spectateurs du monde entier dans les meilleures conditions. Nous sommes prêts, avec de la confiance, de l’humilité et une concentration absolue. Il y aura de nouveaux défis et de nouveaux challenges à relever. Dans l’événementiel, tant que la cérémonie de clôture n’est pas derrière nous, il peut se passer des choses», résume Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).
Trente-quatre compétitions tests figurent au programme des organisateurs. Des simulations, sur une journée type ou sur un site particulier, dans le but de tout éplucher, tout anticiper, pour tester les capacités de réaction face à différents cas de figure. Le Comité d’organisation, qui a pris possession du Village olympique, procède à l’aménagement des rez-de-chaussée des immeubles afin que les comités olympiques puissent à leur guise profiter des zones collectives. 4200 des 14.200 lits du site ont été installés.
La sécurité reste-t-elle la préoccupation principale?
Sur le sujet sensible de la sécurité, Tony Estanguet révèle: «97 % de nos besoins en sécurité privée sont couverts. Pour déployer 17.000 agents en moyenne au quotidien, avec des pics à 22.000. La sécurité, c’est la priorité de la réussite de l’événement. Tout le reste, c’est de donner un maximum d’ambition et d’audace à ce projet pour qu’il soit exceptionnel. Mais s’il n’y a pas la sécurité, tout le reste ne sert à rien. La France a décidé d’être candidate aux Jeux au lendemain d’attaques, dans un contexte de menaces important. Il y aura un dispositif sans précédent, jamais la France n’aura autant anticipé et déployé autant de moyens sur la sécurité. Un énorme travail extrêmement fin est mis en oeuvre jusqu’au plus haut niveau de l’État pour garantir la sécu
rité des athlètes de toutes les délégations mais aussi des spectateurs sur l’ensemble des sites. On parle beaucoup de la cérémonie d’ouverture mais, en réalité, c’est un ensemble qu’il faut sécuriser.»
Le budget sera-t-il tenu?
Sauf dérapages dans la dernière ligne droite, le budget devrait être tenu: 4,4 milliards d’euros pour le Cojop, avec 96 % d’argent privé et 4,4 milliards pour la Solideo, la société chargée de la livraison des ouvrages olympiques. Avec 79 partenaires engagés pour des revenus sponsoring qui ont dépassé l’objectif (1 milliard dans le dossier de candidature), pour atteindre 1,2 milliard. «Il reste encore quelques opportunités. Il y a encore des discussions», glisse Estanguet.
Le dispositif des transports tiendra-t-il la route?
Sur ce dossier, le président du Cojop l’assure: «C’est un sujet clé de la fluidité de l’organisation et de la réussite de l’événement. On y travaille depuis le début. Comme sur beaucoup de sujets, cela a consisté à anticiper nos besoins, jour par jour, site par site, pour identifier les défis. 100 % des sites seront desservis par le transport public et accessibles pour les personnes en situation de handicap. Avec des engagements importants sur le plan vélo: 20 000 places de stationnement temporaire seront ajoutées pour que les sites de compétition soient accessibles à vélo.» Un travail effectué en concertation avec l’État, les collectivités territoriales et les opérateurs Îlede-France mobilités, RATP, SNCF. Avec des informations digitales (anticiperlesjeux.gouv.fr) pour la circulation des non-détenteurs de billets et ceux qui souhaiteront se diriger vers les sites. À partir du 8 mai, jour d’arrivée de la flamme à Marseille, et jusqu’à la fin des Paralympiques, le 8 septembre, une carte des JO (disponible sur l’application Paris 2024) recensera la programmation sportive et culturelle, pour informer les utilisateurs sur le calendrier, les lieux de célébrations et les festivités à proximité.
Reste-t-il des billets pour assister aux Jeux?
Près de 8 millions de billets pour les JO (900.000 billets pour les Paralympiques) ont été vendus (63 % d’acheteurs français), avec 11 % des billets à plus de 200 euros. Et 250.000 billets seront mis en vente ce mercredi (50 % à moins de 100 euros), dans tous les sports, toutes les catégories de prix, sur tous les sites de compétition. Pour aiguiller les spectateurs, les 45.000 volontaires (tous les départements sont représentés, et 20 % viennent de l’étranger), à parité, ont été rassemblés fin mars à l’Arena de la Défense fin mars. Ils recevront le détail de leur mission fin avril, avant le début des formations. Puis, en mai, interviendra la distribution des accréditations et des uniformes.
Quel sera l’héritage des Jeux de Paris 2024?
Pour conduire les dossiers de la dernière ligne droite, le Comité d’organisation des
Jeux, qui a pris l’habitude de doubler ses effectifs chaque année, voit ses bureaux de Saint-Denis se remplir. Il compte 2450 salariés et atteindra 4500 durant les Jeux. À 100 jours des Jeux, Tony Estanguet souligne: «L’intensité, comme pour les athlètes, monte d’un cran. Chaque jour compte. On veut organiser de grands Jeux, des Jeux spectaculaires. On a toujours fait preuve d’audace pour repousser les limites de la célébration des Jeux. Si on prend le dossier de candidature, ces Jeux aujourd’hui sont plus spectaculaires que ce à quoi on s’était engagés en 2017. Il n’y avait pas de cérémonie d’ouverture dans la ville, il n’y avait pas de surf à Tahiti, pas de place de la Concorde pour célébrer les sports urbains, pas de Grand Palais éphémère. On a su saisir des opportunités pour que la magie des émotions soit au rendez-vous. On a voulu ouvrir ces Jeux, avec des programmes inédits comme le marathon pour tous… De grands Jeux, ce sont aussi des Jeux engagés, paritaires, inédits sur l’excellence environnementale.» Le calendrier avale les jours et les heures.
D’Olympie à Paris, la flamme va s’appliquer à transmettre et partager un élan, une envie, des idéaux. En espérant susciter l’un des éléments indispensables à la réussite, l’engouement populaire. Tony Estanguet lance, en espérant que l’événement ne fasse pas que passer: «Paris se transforme, se prépare à accueillir les Jeux. Les grands investissements mis en oeuvre dans le cadre de ces Jeux ont été pensés pour l’après-JO. On ne transforme pas une ville pour organiser une compétition de quelques semaines. On le fait pour proposer à ce territoire de meilleures conditions de circulation, d’hébergement… Le grand programme d’investissement en région Île-deFrance a été imaginé au service de l’héritage, notamment avec un parti pris fort de générer de l’impact en SeineSaint-Denis. 80 % des investissements liés à Paris 2024 sont sur le territoire de la Seine-Saint-Denis avec des logements, des infrastructures sportives, des transports.» Critiqués, attendus, épiés, source de discorde et de rêves, les Jeux frappent à la porte…