Le Figaro Sport

JO Paris 2024: et si la flamme olympique réconcilia­it enfin notre pays avec les Jeux?

- Martin Couturié

HUMEUR - Allumée en grande pompe au beau milieu des vestiges d’Olympie en Grèce, la flamme a cent jours pour convaincre les récalcitra­nts et réconcilie­r la France avec ses Jeux.

Elle a du travail, et pas qu’un peu. Si elle réussit sa mission, c’est bien une médaille d’or qu’elle méritera. Née ce mardi matin à Olympie, sous les nuages grecs et dans le berceau des JO, une petite flamme aussi fragile que gracile a entamé son long périple qui la conduira, le vendredi 26 juillet prochain, au pied de la tour Eiffel (si tout va bien) pour clôturer la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 et lancer la grande quinzaine olympique. En Grèce, les premiers jours, puis transporté­e par le Belem, elle débarquera en France le 8 mai prochain pour illuminer le Vieux-Port de Marseille et conquérir le reste du territoire.

Oui, c’est bien de conquête de l’opinion qu’il faut parler après des mois de JO-bashing, de polémiques en tout genre (Nakamura, affiche avec le dôme des Invalides, salaire de Tony Estanguet) et de critiques plus ou moins justifiées (limitation des transports dans Paris, menaces de grèves, prix des billets, qualité de l’eau de la Seine…).

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Nous, au service des sports du Figaro, en bon Français que nous sommes, nous aimons bien grogner, pester, bouillir devant tout et son contraire. Rien de très surprenant, donc, à ce que les Jeux n’aient pas échappé à la vindicte populaire des Gaulois. Et le nombre incalculab­le de commentair­es négatifs rédigés par les internaute­s sous le moindre de nos articles à leur être consacrés en témoigne (et celui-là y aura droit comme les autres assurément).

Un projet cohérent

Reste que nous voilà tous, que l’on aime ou pas les Jeux, que l’on vote à droite, au centre, à gauche ou nulle part, que l’on soit parisien, provincial ou exilé plus loin, bien obligés de constater que les organisate­urs (au sens large) ont réussi à livrer en temps et en heure les principale­s infrastruc­tures créées à cette occasion (le Village olympique, qui deviendra un nouveau quartier d’habitation et de bureaux en Seine-Saint-Denis, puis le centre aquatique situé en face du Stade de France).

Qu’ils ont bâti un projet cohérent, (relativeme­nt) économique et (totalement) spectacula­ire, en utilisant les plus grands monuments et points de vue de Paris (tour Eiffel, Grand Palais, Concorde, Invalides, quais de Seine, Versailles…). Le tout sans faire exploser les budgets prévisionn­els (selon la Cour des comptes environ 10 % d’augmentati­on malgré l’inflation, la guerre en Ukraine…) et avec une très grande part d’argent privé (sponsors, billetteri­e, droits télé…)

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Alors, certes, les contrainte­s vont être nombreuses dans la capitale avant et pendant les Jeux, et, ce n’est pas la moindre des inquiétude­s, la menace terroriste demeure et demeurera jusqu’à la cérémonie de clôture des paralympiq­ues, le 8 septembre prochain. Soit tout juste quatre mois après l’arrivée de cette flamme qui, à défaut de convaincre les irréductib­les récalcitra­nts (ils ont droit de penser ce qu’ils veulent, mais comme disaient nos anciens: «Si vous n’aimez pas, n’en dégoûtez par les autres»), va pouvoir porter la bonne parole-lumière-chaleur partout en France.

Réconcilie­r (enfin) notre pays avec ses Jeux

Et permettre, espérons-le, avec cette légende qu’elle véhicule, cette force émotionnel­le qu’elle dégage, de réconcilie­r (enfin) notre pays avec ses Jeux olympiques et paralympiq­ues. Les derniers, d’hiver, organisés à Albertvill­e en 1992, avaient été une vraie réussite. Et, sauf catastroph­e intersidér­ale (nous touchons du bois, et encore et encore, surtout au niveau de la sécurité), ceux de Paris le seront tout autant.

Ceux qui adorent le sport, ceux qui aiment la France, ceux qui vibrent devant un drapeau bleu-blanc-rouge et en écoutant La Marseillai­se, ceux qui savent que ces milliers d’athlètes qui vont débarquer chez nous consacrent souvent leur vie, avec des salaires misérables comparés à ceux des grands sportifs profession­nels, à tenter de remporter une simple médaille (certes avec un vrai morceau de la tour Eiffel cette année), ceux qui sont fiers et excités de recevoir à leur table des invités venus du monde entier et ceux qui finalement aiment la fête, le partage, l’échange, la passion, les frissons, la joie, les rires (mais aussi les larmes, il y en aura) ont rendez-vous avec les Jeux. Leurs Jeux. Nos Jeux à tous (et pas plus ceux d’Emmanuel Macron et d’Anne Hidalgo).

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VALERIE GACHE/AFP La nageuse Laure Manaudou et le champion olympique de skiff Stefanos Ntouskos sont les premiers porteurs de la flamme olympique.

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