Quand le roi Henri IV visitait Le Havre
Sous l’Ancien Régime, nombre de monarques séjournent au Havre. Ces visites donnent généralement lieu à des entrées fastueuses et à des réceptions coûteuses.
Et évidemment, c’est le contribuable local qui régale : la venue d’un souverain est considérée comme un honneur consenti à une cité et ses habitants se doivent de l’accueillir avec les égards dus à son rang. Il voyage accompagné d’une suite nombreuse, grands seigneurs ou courtisans, qu’il faut nourrir, divertir, héberger. Autant dire que la facture est aussi salée que les eaux du vieux port.
Visite à l’économie
Henri IV, celui-là même qui souhaite mettre une poule chaque dimanche dans le pot de tous ses sujets, entreprend en 1603 un voyage en Normandie. Il passe d’abord par Rouen, puis file en direction de la Hève. Mais il n’est pas fait du même bois que ses prédécesseurs ou que ses successeurs. Sous son règne, la France sort de l’enfer des guerres de Religion. En plus de 30 ans de conflits fratricides, le pays est ruiné et le peuple exsangue. Pas question donc d’engloutir des sommes folles dans des frivolités à ses yeux inappropriées, ce qu’il fait savoir à l’avance. Il arrive le 11 septembre à la tête d’une escorte réduite et on le reçoit selon ses voeux : sans cérémonie ni faste.
À la portée de tous
Henri loge à la maison commune, ancêtre de l’Hôtel de ville, alors située à l’extrémité de la Grande-Rue (rue de Paris). Pendant ses trois jours au bord de l’estuaire, il visite le port, le chantier de Notre-Dame, la ville, les remparts… Dans les rues, il arrête un marin pour l’interroger sur ses voyages, un ouvrier pour connaître les difficultés de son quotidien. I l pousse les portes des échoppes et des tavernes, désireux de discuter avec tout le monde. Il écoute les doléances, notamment les récriminations contre les décisions du parlement de Rouen, rarement en faveur de la population havraise. Il répare certaines injustices et accorde quelques privilèges fiscaux pour permettre l’achèvement de NotreDame. Un vitrail rappelant cet événement, offert en 1881 par Jules Ancel (maire du Havre de 1853 à 1855), est visible de nos jours dans la cathédrale. Un miraculé des destructions de la Seconde Guerre mondiale !