Le Havre à l’honneur… à Rouen !
Depuis 2015, une partie du palais archiépiscopal de Rouen est accessible au public et abrite le passionnant Historial Jeanne d’Arc. La visite réserve aux Havrais une surprise.
Et une surprise de taille même… Après avoir déroulé l’épopée de Jeanne d’Arc à travers un dédale de salles gothiques ou romanes, le parcours s’achève par la chapelle privée des archevêques et la salle dite « des États ». Les États de Normandie y siégèrent sous l’Ancien Régime, d’où ce nom passé à la postérité. Il s’agit à l’origine d’une salle palatiale construite à la fin du Moyen Âge, profondément modifiée au XVIIIe siècle sur ordre des cardinaux Nicolas de Saulx-Tavannes (1690-1759) et Dominique de la Rochefoucauld (1712-1800).
Normandie sur toiles
Ces deux prélats ne font pas dans la demi-mesure : construction d’un escalier d’honneur, réfection du pavage, décor de boiseries… Pour habiller le mur nord, La Rochefoucauld passe commande au peintre Hubert Robert (1733-1808), très en vogue alors, de quatre toiles monumentales représentant certains lieux de son diocèse. Achevées en 1773, on y reconnaît la ville de Rouen depuis la rive gauche de la Seine, le château de Gaillon (Eure) et la cité de Dieppe. La dernière oeuvre, c’est l’entrée du port du Havre… sur écran géant !
Fenêtre sur le passé
Saisie depuis la digue sud, la scène déborde de vie sous un ciel chaotique. Un vaisseau de guerre estampillé des lis de France, richement décoré, tous sabords ouverts, profite de la marée pour franchir la passe sous la silhouette massive de la tour François-Ier. Perchés dans la mâture, des marins achèvent d’amener les voiles. À l’arrièreplan se dresse le clocher de l’église Notre-Dame et s’étire le Grand Quai (aujourd’hui quai de Southampton), bordé d’immeubles qui ont un air de cousinage avec ceux situés le long du bassin d’Honfleur. Des curieux flânent sur les jetées ; assis sur des canons, d’autres contemplent le large. On ne sait pas si Hubert Robert est réellement venu au Havre, mais il a assurément compris l’âme de la ville. Si vous ne connaissez pas ce peintre majeur du siècle des Lumières, sachez que l’une de ses toiles, L’incendie de Rome, est exposée au MuMa. Tous les renseignements pour visiter l’Historial sur le site www.historial-jeannedarc.fr
De notre correspondant SWG