Vigne et Normandie, une longue histoire
Depuis quatre ans, la vigne pousse au Havre et dans les alentours. Le projet du viticulteur Ludovic Messiers, produire un vin à la pointe de Caux, s’inscrit dans une tradition oubliée.
De la vigne? Au Havre? Quelle idée saugrenue ! Du moins en apparence, car il y eut par le passé du raisin dans toute la Normandie. Buveurs médiévaux Il existe d’ailleurs un autre vignoble dans notre région, basé à Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados), qui produit depuis 20 ans des vins blancs et rou-rouges:ges: les ArpentsduSoleil. Des plantations sont aussi en cours autour de Rouen. Cela n’a rien de surprenant : la présence de la vigne en Normandie est attestée par l’archéologie dès l’Antiquité. Elle arrive sans doute dans les bagages des légions romaines qui entreprennent la conquête de la Gaule au Ier siècle av. J.C. Au Moyen Âge, au XIe siècle notamment, le vin est un produit de consommation cou- rante, en Normandie comme ailleurs. On le préfère largement à l’eau, que l’on soupçonne -à juste titre- de propager des maladies comme la dysenterie ou le choléra. Dans les monastères, la règle de saint Benoît autorise la consommation quotidienne de vin. Les abbayes possèdent généralement des vignobles, parfois juste à côté, comme Conihout appartenant à Jumièges. Sale réputation toutefois : « De Colinhout de beuvez pas, car il mène l'homme au trespas »…
Variations de température
À cette époque, le climat est sensiblement plus chaud que de nos jours, au coeur de ce que l’on nomme « optimum climatique médiéval »: la vigne trouve dans nos contrées des conditions propices à son développement. Mais aux XIIe et XIIIe siècles, les vins locaux sont victimes de la concurrence de ceux du val de Loire, du Bordelais, de Bourgogne et d’Île-de-France. Au XIVe siècle, le climat se refroidit brutalement et l’Europe entre pour quelques centaines d’années dans « le Petit Âge glaciaire ». Les surfaces viticoles diminuent et le vin normand entre en compétition avec une boisson nouvelle : le cidre. On continuera toutefois à produire un peu de jus de la treille à des fins commerciales jusqu’au début du XXe siècle. On marche donc ici sur les traces des grands anciens ! De notre correspondant SWG