Jacques Attali : « Il est important de préserver la mer »
L’économiste et essayiste Jacques Attali sera présent aux Assises de l’économie de la mer, mardi 21 novembre, pour y présenter son dernier ouvrage, Histoires de la mer. Un livre pour rappeler l’importance et le rôle de la mer sur le monde.
ans son livre Histoiresde lamer, édité chez Fayard, l’économiste Jacques Attali lance un message d’alerte sur le devenir de la mer. Pour mieux la protéger, il présente l’histoire du monde marin et ses enjeux économiques et environnementaux.
DQuels éléments vous ont donné l'envie d’écrire ces Histoiresde de lamer ? Jacques Attali : Ça fait très longtemps que je travaille sur ce sujet d'une façon indirecte. J’ai écrit sur les ports, sur Le Havre d'ailleurs, avec le livre Parisetla mer. Je me suis dit que c'était le moment d'écrire quelque chose de synthétique sur son histoire.
Cette histoire de lamerlamer est écrite en partant des origines de l’univers. Est-ce une façon d'aider à comprendre la complexité de ce milieu ? C'est très important, pour mieux comprendre que nous sommes le résultat d'une longue histoire improbable, qui a mené à l'existence de la mer et de la vie. Il y a des dates majeures: 13,7 mil- liards d'années la création de l'univers, 13,2 milliards l'apparition de l'eau, 4 milliards l'apparition de la Terre, 400 000 ans l'apparition de l'Homme. Il y a 60 000 ans, les hommes commençaient à voyager sur des bateaux. Ces dates sont fondamentales si l'on veut comprendre quelque chose à notre histoire.
L’axe Seine négligé
Votre ouvrage est-il un appel à l'aide pour sauver cette mer qui est aujourd’hui en danger ? C'est pour comprendre à la fois que la mer est un lieu de puissance, mais aussi qu'elle est menacée, et qu'il est très important de la préserver, de toutes les façons possibles.
Vous évoquez notamment l'axe Seine et son exploitation. J'insiste beaucoup sur l'axe Seine, qui est absolument fondamental et très négligé. On le néglige quand on s'intéresse trop au canal Seine-Nord, ou quand on ne pense pas aux dessertes pour débloquer l'arrière-pays du Havre. Cela devrait être une obsession permanente et ça ne l'est pas. Il y a beaucoup de choses à faire. Il faut créer une entité qui s'occupe de l'axe Seine de Paris au Havre, comme Haropa (groupement des ports du Havre, Rouen et Paris N.D.L.R.), mais de façon beaucoup plus générale.
Le port du Havre a des concurrents forts. Que lui manque-t-il pour se positionner face à Anvers ou Rotterdam ? Il manque des trains, des canaux de circulations des marchandises et des passagers entre Le Havre et Paris… Il est temps de penser à l’élargissement des moyens dont il dispose. De grands investissements sont nécessaires. Il est temps aussi de convaincre Paris que la capitale a un intérêt au développement du Havre, et de son intérêt à se tourner vers la mer. L’intégration des acteurs de la région Normandie est faite, mais maintenant, la prise de conscience par les acteurs parisiens ne viendra que s’ils trouvent un intérêt à la mer.
Propos recueillis par V.G.