Quand on arrive en ville…
Lorsque l’on quitte son domicile pour une promenade urbaine, on court le risque de se voir rattrapé par une sensation susceptible de transformer une journée paisible en calvaire…
Aux premiers temps du Havre, on ne connaît rien aux règles d’hygiène et lorsqu’un vague désir d’isolement trouble l’esprit de ces messieurs, le premier mur suffit largement à leur bonheur. Les dames ne nous en voudront pas de ne pas leur concéder cette facilité… Objectif propreté Au XIXe siècle, on saisit mieux les modes de propagation des maladies, notamment du choléra. On décide alors de multiplier à travers la ville les « lieux d’aisance ». Pour les hommes, il suffit de bâtir de modestes édicules largement ouverts sur l’extérieur, naturellement ventilés donc. Il en pousse à proximité des endroits fréquentés, place Gambetta ou à la gare, par exemple. Pour les femmes en revanche, un minimum de discrétion s’impose et des entreprises se spécialisent dans la construction et l’exploitation de ce que l’on nomme poétiquement des « chalets de nécessité ». Pour trois sous versés à une aimable dame chargée de l’entretien et de l’accueil, les élégantes de la Belle Époque retrouvent leurs couleurs à l’abri des regards. Contre 25 centimes, on peut même parfois louer un cabinet de toilette, histoire de se repoudrer un peu le nez. Pas de petit profit Après le premier conflit mondial, tous les secteurs économiques reprennent de la vigueur et les spéculateurs lorgnent aussi du côté des sociétés impliquées dans ce genre d’activité. Pecunianonolet olet (l’argent n’a pas d’odeur), aurait déclaré l’empereur romain Vespasien après avoir inventé une taxe sur l’urine. Dans le journal Le Rire , un commentateur s’en donne à coeur joie : « Je lis ceci dans un journal financier : " Une industrie dont on ne parle qu’avec pudeur mais qui est cependant nécessaire à notre confort, celle des chalets de nécessité, se rappelle à l’attention de la Bourse " (sic). » Et l’auteur de l’article de poursuivre en avançant une comparaison entre la valeur du traité de Versailles, que l’on s’apprête alors à signer, et celle du papier que l’on trouve dans les toilettes… Ledit traité de Versailles, qui mit officiellement fin à la Première Guerre mondiale, on sait effectivement ce que Hitler en fit...
De notre correspondant SWG