Où sont les Neiges d’antan ? (2/2)
Au début du XIXe siècle, les Neiges ne sont encore qu’un simple hameau. Mais l’industrialisation croissante du Havre et l’extension de sa zone portuaire vont changer la donne.
Des marécages à perte de vue. Voilà ce que l’on traverse lorsque l’on emprunte vers 1800 la route du Hoc en partant du bourg de Leure. On imagine volontiers une zone naturelle de premier ordre, peuplée en toute saison d’une riche avifaune.
Entre batterie et fort
À l’ouest du hameau des Neiges, une batterie dotée de quelques pièces d’artillerie balaye l’estuaire de la Seine. Dans les années 1830, on met en service un phare au Hoc, pointe de terre située à la confluence de la Seine et de la Lézarde, avec, à ses pieds, un poste de douaniers pour dissuader les contrebandiers d’accoster dans les parages, tant ces lieux déserts se prêtent à toutes sortes de trafics. En 1853, lorsque la décision est prise de détruire les remparts du Havre, on entoure la ville d’une couronne de forts : Sainte-Adresse, Tourneville, Mont-Joli et Neiges. Bâti en 1862, ce dernier a un plan très voisin de celui du fort de Sainte-Adresse, mais il est de dimensions plus réduites. Largement amputé avant 1900, il est finalement détruit vers 1910.
Naissance d’un quartier
Le port s’enfonce toujours plus loin et colonise maintenant des marais lentement asséchés, avec le creusement du bassin Bellot et du canal de Tancarville. Des entreprises s’implantent dans ce secteur, comme les chantiers de la Méditerranée (construction navale), ou plus tard l’usine des canons Schneider, avec son champ pour les tirs d’essai à la pointe du Hoc, dont le phare s’éteint dès 1891. Cette activité croissante incite une communauté à se structurer autour de la chapelle des Neiges, formée d’ouvriers et de dockers vivant dans des conditions souvent précaires. Un groupe scolaire est inauguré en 1893 et Notre-Dame devient église paroissiale en 1910. La même année, la municipalité décide de transférer de Leure aux Neiges le marché aux bestiaux et construit de nouveaux abattoirs. La ligne 4 du tramway arrive jusqu’ici en 1899. Il y a même, à la Belle Époque, un hippodrome, remplacé un peu plus tard par une gare dite « de secours », destinée à soulager la gare de triage de Soquence. Une prévoyance de bon aloi…
De notre correspondant SWG