Larris en pâturage : les chasseurs inquiets
Le conservatoire d’espaces naturels de Picardie gère désormais le larris de Fontaine-sur-Somme, avec la commune et un éleveur local qui y fait paître des moutons. Une nouvelle que les chasseurs suivent avec attention, et un certain scepticisme.
Il y a une faune et une flore qu’il faut préserver Christophe Lépine C’est un couloir pour les sangliers Maxime Outters
Environnement. Des moutons dans le larris de Fontainesur-Somme : cela ne s’était pas vu depuis des décennies. Sans pâturage depuis si longtemps, la végétation avait d’ailleurs proliféré, privant ces coteaux calcaires de ses caractéristiques premières.
Le Conservatoire d’espaces naturels de Picardie s’intéresse au site depuis plusieurs années : une première convention avait été établie avec la commune de Fontaine en 2014, avec l’élaboration d’un diagnostic. « Il y a une faune et une flore qu’il faut préserver sur ces coteaux calcaires, et notamment de nombreuses orchidées », estime le président du Conservatoire Christophe Lépine.
Une convention renforcée a été mise en place il y a quelques mois, afin de permettre le retour du pâturage. En cette période d’incertitude financière, le Conservatoire ne peut se lancer dans de gros travaux d’investissement. Il a bénéficié du programme de la société Engie qui, dans le cadre de son parc éolien à Hangest-sur-Somme, a financé plusieurs projets environnementaux.
Le larris de Fontaine entre dans ce cadre : c’est grâce aux financements d’Engie qu’une clôture de 2 400 mètres a pu être installée tout autour des 6,5 ha du larris, avant d’être mis en pâturage par l’exploitant agricole qui louait déjà le site sans l’utiliser véritablement.
Spécialisé dans l’élevage bovin, Olivier Parcy a été motivé par le projet, et a décidé d’acheter des moutons pour les installer sur le larris.
Depuis le mois dernier, 10 agnelles lui appartenant sont ainsi en pâturage, ainsi que 15 moutons boulonnais d’un autre éleveur pour renforcer l’impact sur la végétation. Les deux troupeaux sont séparés dans deux parcs de pâturage différents. Dès l’année prochaine, ils seront présents sur le larris du mois de mai au mois de septembre.
« La date de fin de pâturage sera discutée chaque année avec les chasseurs afin que l’ensemble des usages puissent se faire en bonne intelligence sur le site », assure Clémentine Couteaux, responsable départementale au Conservatoire. Outre le pâturage, le larris est ainsi amené à
devenir ponctuellement un lieu de balade, et reste ouvert à la chasse.
Plusieurs réunions ont d’ailleurs eu lieu avec les chasseurs et les élus locaux, avant la pose de la clôture. « C’est un sujet sensible, reconnaît Christophe Lépine. Mais dans l’immense majorité des sites que nous gérons, la cohabitation avec les chasseurs se fait dans les meilleures conditions. C’est le cas à Fontaine. »
Le président de la société de chasse de Fontaine Maxime Outters n’affiche toutefois pas le même enthousiasme… « Les moutons viennent d’arriver, et la chasse n’a pas encore repris, on ne peut donc pas dire que cela nous gêne, reconnaît-il. Mais le larris est un couloir de passage pour les sangliers et les chevreuils notamment. Avec ou sans moutons, et même avec les portes qui ont été installées pour accéder, la clôture est là, et le gibier ne pourra plus passer. »
Maxime Outters affirme qu’il restera attentif à la gestion à venir du larris, et à l’impact que cela aura sur la chasse. « Nous ferons un bilan en fin de saison », clame-t-il. L’ouverture de la chasse au bois est prévue le 8 octobre. D’ici là, les moutons auront quitté le pâturage pour toute la période hivernale.